01 septembre 2013

Le bénévolat se porte bien... !



Des données économiques peu rassurantes, une courbe du chômage stagnante, trop de jeunes sans emploi, des fermetures d'entreprises, une France coupée en deux autour du mariage pour tous, des scandales financiers, un temps d'hiver au début de l'été.....

Mais dans un petit coin de ce paysage morose, un peu de bleu pour nous réconcilier avec le genre humain et redonner de l'énergie pour la rentrée (mais l'actualité violente et "guerrière" ne nous fait-elle pas basculer de la morosité à l'angoisse ?)

Les nouvelles données et statistiques 2013 du bénévolat  sont "tombées" avec la parution, le 18 juin dernier, des résultats d'une étude menée par France Bénévolat, en partenariat avec l'IFOP et le Crédit Mutuel. Des résultats encourageants et prometteurs. 

Cette nouvelle est passée quasiment inaperçue, à l'exception de quelques medias qui en ont parlé, la grande majorité des organes de presse (écrite, audiovisuelle..) n'ayant sans doute pas jugé important de souligner ce fait de société positif dans un univers de crise. Ceci confirme bien que seules les mauvaises nouvelles et le catastrophisme font les "choux gras" des medias et se "vendent" mieux !

Et pourtant...

Des chiffres rassurants :
  • Le nombre de personnes déclarant effectuer des actions bénévoles hors du cercle familial (pour "donner du temps pour les autres ou contribuer à une cause") a augmenté de 14% depuis 2010, soit 40% des Français de plus de 15 ans (36% en 2010),
  • La plus forte progression concerne le bénévolat "direct" (ou bénévolat de "proximité" ou "informel"), soit +31%, alors que l'engagement auprès de certaines organisations (syndicales, politiques, religieuses) a diminué de 6%
  • 20,3 millions de personnes sont ainsi engagées, dont 12,7 millions au sein d'associations (qui sont désormais environ 1.300.000 en France)
  • Au sein des associations, les jeunes de 15-35 ans sont la catégorie où l'engagement progresse le plus fort : + 32% par rapport à 2010, suivis des 35/64 ans (+10%) et des plus de 65 ans (+5%)
  • Chez les 50 ans et plus, les actifs sont engagés à 37% et les retraités à 49%.


Des indications qualitatives sur l'évolution du bénévolat
L'étude donne également un certain nombre d'indications intéressantes sur l'évolution qui se profile dans un avenir proche ou d'ores et déjà constatée et avec lesquelles il faudra désormais compter.  En bref :
  • Si le bénévolat progresse fortement de façon globale, l'engagement sur la durée régresse au profit d'actions plus ponctuelles. Les associations sont confrontées à ce phénomène depuis un certain temps déjà. Il est confirmé.
  • La crise n'a pas tué le bénévolat et contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, l'esprit citoyen s'est révélé en refoulant le repli sur soi pour faire place à l'altruisme et à la générosité, mais aussi à l'innovation
  • Le recul de l'engagement au sein d'associations syndicales, politiques ou religieuses traduit de façon évidente la perte de confiance dans les structures traditionnelles censées apporter des solutions par des discours de moins en moins crédibles
  • Enfin, les champions de la progression spectaculaire du bénévolat sont les jeunes de 15 à 35 ans. Ceci témoigne de la vitalité du bénévolat, de l'innovation et de la créativité mises en œuvre, et du rejet de l'individualisme et de l'égoïsme que l'on suspectait chez les jeunes. Leur engagement diffère de celui de leurs aînés dans la mesure où ils ont tendance à délaisser les associations pour privilégier un bénévolat de proximité ou se lancer dans des projets ponctuels


.... et finalement, une reconnaissance encore accrue du bénévolat
Au vu des résultats de cette enquête, Valérie Fourneyron, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative,  a annoncé la possible création d'un "congé d'engagement bénévole" (octroi d'un crédit de temps annuel) par l'élargissement du champ d'application du "congé de représentation" pour les actifs, ainsi que le développement d'un espace numérique consacré au bénévolat des jeunes sur le site jeunes.gouv.fr
 
Il faut noter enfin la place désormais reconnue à l'action bénévole et la valeur qui lui est reconnue dans les CV des demandeurs d'emploi, ce qui explique en partie la poussée du bénévolat chez les jeunes. Les recruteurs initialement réticents à considérer positivement les compétences acquises au titre du bénévolat (très en retard sur ce point par rapport à leurs homologues nord-américains), opèrent depuis quelques temps un revirement
Rappelons enfin que l'Etat valorise également cette activité au travers de dispositifs tels que la validation des acquis de l'expérience (VAE). Selon le ministère, une réflexion sur l'amélioration des processus de validation doit être menée.

Pour aller plus loin : et si les bénévoles étaient des acteurs du changement ?
Le bénévolat n'a donc plus rien à voir avec l'engagement caritatif traditionnel, et ne se limite plus aux œuvres sociales destinées à compenser les injustices par la distribution d'aides et de prestations.
Parallèlement aux discours institutionnels, un véritable "think tank" commence à se mettre en place grâce à l'utilisation des nouveaux moyens techniques qui favorisent l'existence d'espaces de liberté, d'échanges d'idées et d'expériences.
Commentant les résultats de l'enquête dans les colonnes du Nouvel Observateur (du 27/06/2013), Jean-Claude Guillebaud prédit un bel avenir aux  bénévoles "qui ne vivent pas dans la nostalgie" et constate, faisant allusion (toutes proportions gardées) aux remous des pays non démocratiques, que "les sociétés civiles sont bouillonnantes et inventives"....."Si chez nous, le vieux monde se verrouille au bénéfice des "puissances", notamment financières, une nouvelle insurrection des bénévoles est en gestation. C'est dans les interstices de la vie, dans la quotidienneté, que campent ces résistants "
L'analogie est bien sûr un peu exagérée, mais n'y-a-t-il pas là matière à réflexion ?

Pour en savoir plus, sur les résultats de l'étude France Bénévolat.

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