France Stratégie, un organisme rattaché au Premier ministre, vient de rendre un rapport ("Reconnaître, valoriser, encourager l'engagement des jeunes") au ministre de la Ville Patrick Kanner, dans lequel figurent des propositions pour renforcer l’attrait du bénévolat auprès des jeunes, considérant que "le bénévolat et le volontariat ne sont pas, ou peu, considérés comme des atouts que chacun peut faire valoir dans son parcours de formation ou d'insertion professionnelle"
Sous certaines conditions, « la participation volontaire des collégiens et des lycéens à un projet citoyen dans le cadre d’une association d’intérêt général, […] pourrait donner lieu à une option » du baccalauréat, du CAP ou du BEP, mais aussi au cours des études supérieures. Au cours de celles-ci, en effet, certains établissements permettent déjà aux étudiants d'améliorer leur moyenne aux examens en bénéficiant de crédits ECTS (Système européen de transfert et d'accumulation de crédits) supplémentaires
France Stratégie note que cette reconnaissance existe dans de nombreux pays européens et propose donc d'étendre cette possibilité à l'université
Le droit à une année de césure pour « faire du bénévolat »
Une autre mesure préconisée est le droit pour tout étudiant de l’enseignement public à « faire du bénévolat » durant une année de césure. « Cette possibilité devrait notamment s’accompagner d’un maintien de l’inscription dans l’établissement et d’une couverture sociale associée ».
Durant leur cursus, les bénévoles disposeraient d’« une dispense partielle d’assiduité » aux cours.
Le cercle de réflexion souhaite un changement de regard des employeurs. « Le soupçon demeure qu’un salarié bénévole aura moins de temps à consacrer à son travail : certains recruteurs sont même réticents à embaucher des jeunes diplômés pratiquant des activités de bénévolat associatif », soulignent les auteurs du rapport.
Un bonus dans les concours de la fonction publique
Enfin, l’Etat donnerait l’exemple dans « les concours externes de la fonction publique ». Des points supplémentaires seraient accordés aux candidats ayant exercé une mission de volontariat durant au moins six mois, comme le service civique. Les titulaires d’un diplôme d’encadrement associatif, comme le brevet d’aptitude à la fonction d’animateur (Bafa), seraient également avantagés.
Un sujet qui fait débat, un rapport qui "décoiffe" !
Tout est sujet à contestation, certes, on le sait ! mais lorsqu'il s'agit d'éducation, on assiste à des débats idéologiques sans fin. Chacun s'accorde sur le fait qu'il faut "changer le système", mais toute proposition d'évolution est aussitôt vilipendée.
On lit que l'esprit du bénévolat est dévoyé puisqu'il s'agirait là d'offrir une compensation à un geste par nature désintéressé. On ferait ainsi du bénévolat pour "gagner des points" ! Peut-être, mais n'est ce pas l'occasion pour les jeunes de faire connaissance avec le bénévolat, et, qui sait, de leur donner l'envie de continuer dans leur vie d'adulte ? et même si ce n'est pas le cas, la période de bénévolat vécue n'aura-t-elle pas déjà apporté une aide ponctuelle aux associations, aux plus démunis, aux causes à défendre ? Mais alors pourquoi, par ailleurs, revendiquer des compensations au bénévolat, telles que des défraiements ou des trimestres pour la retraite ?
On lit aussi qu'il s'agit là d'une "dernière trouvaille du gouvernement" pour se défausser sur les jeunes, d'activités qu'il ne peut assumer, qu'il s'agit d'une tentative peu coûteuse d'améliorer la cohésion sociale et l'esprit citoyen.
....autant de positions idéologiques qui tentent de nous enfermer dans un immobilisme pathologique.
Je pense au contraire que ces propositions constituent une avancée pour permettre aux élèves et aux étudiants de "sortir" de l'enseignement théorique et toucher du doigt une réalité qu'ils connaissent peut-être peu ou pas du tout pour certains. Et puis, concernant l'enseignement secondaire, il s'agirait d'options parmi d'autres comptant pour la délivrance du diplôme et je doute que la motivation soit exclusivement le gain de quelques points. Il existe d'autres options pour cela ! Trop selon certains !
Regardons un peu ailleurs ! les jeunes américains ou canadiens pratiquent le bénévolat depuis leur plus jeune âge, et la mention d'une activité bénévole sur un CV est incontournable aux yeux des employeurs car elle traduit des compétences et des qualités que l'on n'apprend pas à l'école.
Nous avions déjà eu l'occasion d'aborder ce sujet dans un article consacré au bénévolat dans les programmes d' Education civique
Lire l'article du Monde des étudiants du 26 juin 2015 qui permet de consulter
le rapport de France Stratégie