Au cours des dernières décennies, on a souvent parlé de "bof génération" pour pointer un certain désenchantement de la jeunesse. Ce temps serait-il révolu ? C'est ce qui semble ressortir d'une enquête nationale sur le rapport des lycéens à l'engagement, dont la première vague de résultats a été rendue publique fin septembre. Cette étude a été réalisée par le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) au printemps dernier, auprès de 6603 élèves en classe de terminale dans des lycées publics ou privés d'enseignement général et technologique, d'enseignement professionnel ou des établissements polyvalents.
Le crédit accordé par les lycéens aux institutions politiques est faible : seuls 22 % d'entre eux disent faire confiance au gouvernement et 12 % militent dans des associations politiques. Mais, les élèves de terminale ne se désintéressent pas pour autant de la vie de la cité. Ainsi, plus de 4 jeunes sur 10 (44 %) déclarent avoir participé en 2017-2018 ou au cours de leurs précédentes années de lycée à une association humanitaire et/ou de défense de l'environnement, les plus actifs à cet égard étant les jeunes scolarisés dans des lycées privés (52 % contre 42 % dans le public).
Les filles se montrent davantage concernées par les causes humanitaires (54 % contre 46 % de garçons), les jeunes gens le sont légèrement plus qu'elles par la défense de l'environnement (51 % contre 49 %). Les premières comme les seconds s'engagent significativement plus quand ils sont issus d'un milieu familial favorisé.
Quid pour l'avenir ?
Il est bien sûr difficile de tirer des plans sur la comète, mais néanmoins réconfortant de voir 74% des élèves déclarer leur souhait de faire du bénévolat lorsqu'ils seront adultes. Les filles beaucoup plus que les garçons (83 % contre 66% d'entre eux). Pris dans leur ensemble, les lycéens les plus nombreux à se déclarer partants pour de futures activités bénévoles sont les élèves scolarisés en lycées d'enseignement général et technologique (79 %), suivis par ceux de lycées polyvalents (73 %) et enfin les jeunes de lycées professionnels (65 %).
A contrario, une petite proportion de lycéens apparaît très en retrait en termes d'implication citoyenne. Il s'agit des 4 % d'élèves qui refusent toute idée d'engagement futur. Ce sont plus souvent des garçons que des filles, et surtout des élèves de lycées professionnels (11 % d'entre eux sont dans ce cas).
Un autre type d'élèves se montre moins investi que ses contemporains en termes d'intentions d'engagement citoyen, notamment de bénévolat : il s'agit des lycéens qui déclarent d'excellents résultats (soit 7 % des élèves de l'enquête du Cnesco). "Contre intuitivement, pour cette élite scolaire, les perspectives déclarées de participation civique s'établissent à des niveaux faibles, similaires à ceux des élèves qui affirment présenter des résultats mauvais", explique Nathalie Mons, présidente du Cnesco.
Le constat que les publics scolaires socialement défavorisés tout comme les meilleurs élèves mettent à distance l'utilité de l'engagement citoyen doit appeler une attention particulière de l'école, estime la sociologue, soulignant que ce sont principalement les engagements à l'âge scolaire qui fondent les engagements civiques à l'âge adulte.