Alain
s’ennuyait depuis de nombreuses années dans son milieu professionnel essentiellement
composé de chercheurs et d’étudiants qu’il aide à constituer une documentation,
trouver l’article utile à leur recherche ou l’ouvrage introuvable, conseiller
et orienter vers d’autres bases documentaires, etc…
Il décrit
son environnement professionnel comme triste et « poussiéreux », extrêmement
conservateur et assez fermé, même s’il y trouve un certain plaisir
intellectuel. Il cherchait à se « désenclaver », dit-il,
c’est-à-dire, si l’on se réfère à cette notion souvent employée en matière de
politique territoriale, avoir accès et pouvoir emprunter des voies menant vers
d’autres espaces, d’autres mondes, des horizons plus larges que le travail
salarié…..d’autres libertés ?ll désirait (re) trouver « la vraie vie » dans un milieu plus vivant où son action aurait une réelle utilité sociale.
Emprunter d’autres voies ?….l’une d’elles l’a conduit vers le bénévolat.
C’est ainsi
qu’en 2013, il est devenu accompagnant à la scolarité bénévole dans un centre
social parisien.
Pendant
trois ans il a connu le plaisir de transmettre, la satisfaction de voir
progresser des enfants, le sentiment d’être vraiment utile.
Après cette
première expérience, il a dû abandonner le bénévolat pour des raisons
personnelles, et, dit-il, « je me suis senti racornir ». Le virus l’avait
atteint, un virus difficile à éradiquer…
Il a donc
repris une activité bénévole et enseigne le FLE dans un autre centre social où
il a retrouvé le même plaisir de transmettre à des personnes volontaires et se
réjouir avec elles des progrès réalisés et de la voie ainsi ouverte vers une
intégration. Ce qui lui donne l’impression d’être un acteur de la société, un
citoyen.
Pour Alain,
le bénévolat a été incontestablement un facteur de développement personnel, il
s’en explique :
- Une
expérience humaine par l‘ouverture sur le monde extérieur, le travail en équipe,
la rencontre d’autres cultures, la chaleur des contacts, leur authenticité.
- L’acquisition
(ou la révélation) de compétences qu’il ne soupçonnait pas (animation de
groupes, pédagogie, organisation) et/ou
qu’il n’avait jamais pu (ou assez peu) exprimer dans un cadre professionnel.
- Les
conditions d’exécution des missions, le
cadre à respecter, les objectifs à atteindre et les diverses consignes ne sont
pas vécus comme des contraintes.
- Le
bénévolat étant un acte gratuit, cela n’explique-t-il pas que les relations
humaines soient différentes, plus désintéressées, plus naturelles, plus libres
et authentiques que dans le monde professionnel ?
…. Et comme Obélix dont l'identité est liée à la potion
magique, Alain ne peut plus envisager le reste de sa vie sans une activité bénévole.
Louise Forestier