31 décembre 2012

2013 : Année européenne des citoyens

 
L'année 2013 sera l'année des citoyens. Ainsi en a décidé le parlement européen, sur proposition de la Commission.
Autant dire que l'on parlera encore du bénévolat qui est devenu aujourd'hui une composante de la citoyenneté, une manifestation de l'esprit citoyen.
 
Gageons que l'année 2013 nous fera découvrir de nouvelles perspectives et assister à des débats passionnants....

Le programme et les objectifs de cette année


Ou encore, le Manifeste de l'Alliance de l'Année Européenne des Citoyens (EYCA, European Year of Citizen 2013 Alliance)

Nous profitons de cette page pour vous souhaiter une belle année 2013 et faire le voeu qu'elle ouvre au bénévolat de nouveaux défis, de nouvelles perspectives d'actions dans une société où l'individualisme prend peu à peu le pas sur la solidarité et l'esprit citoyen !

17 décembre 2012

Rota Jovem, une association de jeunes, pour les jeunes, à Cascais-Portugal


A l’occasion du Symposium organisé par le  Centre Européen du Volontariat qui s’est tenu du  18 au 20 octobre dernier à Cascais au Portugal ("Vivre ensemble : le bénévolat dans une société sans discrimination d'âge"), la représentante d’Espace Bénévolat a eu l’occasion de rencontrer l’équipe dynamique de l’association Rota Jovem en plein centre de la ville de Cascais.

Laissons la parole à  Aurélia
 

Rota Jovem (littéralement "Route jeunesse" ou "Destination jeunesse") est une association de jeunesse qui oeuvre pour motiver les jeunes à une participation active dans la société, éveiller leur conscience citoyenne, les motiver à l’action solidaire, les responsabiliser et les aider à développer leurs idées  et monter des projets dans différents domaines, sociaux, culturels, environnementaux, etc… Elle fait partie de la Fédération Nationale des Associations de Jeunesse.

Un lieu convivial
Ce qui frappe au premier abord quand on rentre dans ce petit bâtiment (ancien centre de traitement des eaux réhabilité) c’est sa magnifique terrasse avec des tables et des chaises sous les arbres ainsi qu’un babyfoot. Le rez-de-chaussée du bâtiment offre tout ce qu’il faut pour organiser des soirées, enregistrer des émissions de radio, regarder des films…
L’équipe administrative est au sous-sol, au calme.
 
Des activités d’échanges et d’élaboration de projets
Le lieu est particulièrement adapté pour remplir la mission principale de l’association : proposer aux jeunes de se rencontrer, de participer à des activités culturelles , des ateliers artistiques, et surtout à terme de monter leurs propres projets qui seront proposés aux autres jeunes.
L’équipe salariée est alors là pour les accompagner dans leur projet et trouver les financements.
Quelques exemples d’activités proposées : Opération de nettoyage des lieux publics, randonnées, activités sportives, concours photo, conversations en anglais avec un volontaire européen …

 Mais l’action de l’association a aussi une dimension internationale :

Elle aide les jeunes qui souhaitent réaliser un Service Volontaire Européen, participer à un chantier international ou monter le dossier qui leur tient à coeur.
Rota Jovem organise chaque année plusieurs chantiers internationaux, en partenariat avec des associations locales, et fait alors appel à une centaine de jeunes venus d'autres pays. Leur dernier chantier à permis la rénovation d’une école et la création d’œuvres originales pour la décorer.
L’association organise aussi de nombreux échanges internationaux avec un grand nombre de pays en Europe ou hors d'Europe grâce à un vaste réseau de partenaires qui pousuivent les mêmes objectifs. De nombreux jeunes peuvent ainsi découvrir un autre pays lors de séjours de 2 à 3 semaines et participer à des chantiers. Quatre jeunes volontaires européens sont reçus chaque année au sein même de l'association.
L’association fête cette année ses 20 ans, et entend bien renforcer ses actions d’autant qu’elle bénéficie d’un franc soutien de la municipalité, tant financier que moral.
 
Mais un déficit de mixité sociale
La discussion avec les responsables de l’association a pu mettre en lumière la fracture sociale qui existe dans la ville balnéaire de Cascais entre le centre ville, plutôt aisé, et certains quartiers plus pauvres, appelés quartiers « sociaux ».

Cette fracture perdure dans l’association puisque les jeunes de ces quartiers défavorisés sont très peu nombreux à rejoindre l’association et à profiter des opportunités offertes. L’association a tenté quelques actions pour se faire connaitre dans ces quartiers mais avec peu de succès. Lors de notre rencontre, les responsables m’ont avoué n’être eux même pas très à l’aise avec ces populations et ne pas se sentir formés pour avoir une action auprès de ces publics.

 

                                                                                              Rédigé par Aurélia Picard

06 décembre 2012

La remise des prix Jeune § Bénévole, les jeunes à l'honneur à la mairie de Paris

Un merci aux 400.000 bénévoles de Paris
Le 3 décembre dernier, à l'occasion de la troisième édition de la soirée des bénévoles de Paris, a eu lieu, sur fond de batucada, la remise du prix "jeune et bénévole" à la Mairie de Paris, en présence des adjoints au maire de Paris, Gisèle Stievenard, chargée de la politique de la ville et de l'engagement solidaire et Hamou Bouakkaz chargé de la démocratie locale et de la vie associative.

Gisèle Stievenard et Hamou Bouakkaz
 pendant l'allocution de bienvenue
Gisèle Stievenard a salué l'engagement des 400.000 (et plus) bénévoles qui interviennent à Paris, en les remerciant de "rendre Paris plus solidaire et chaleureux"
Elle a ensuite donné la parole à Jennifer, jeune volontaire du service civique qui a salué cette institution destinée à "former un meilleur citoyen", puis à Shéhérazade, jeune bénévole qui a rendu hommage au bénévolat, "école de démocratie empreinte d'innovation citoyenne"

Le prix "jeune et bénévole", des témoignages pour "donner envie" de s'engager
Le prix Jeune et Bénévole, organisé par espace Bénévolat, quant à lui, fêtait sa deuxième édition. Il récompense les témoignages de jeunes bénévoles de 16 à 25 ans à destination d'autres jeunes afin de les convaincre de s'engager dans une action bénévole.
Les témoignages ont été déposés sur le site "Jeune § Bénévole" et ont fait l'objet de votes de la part des internautes. Les dix meilleurs témoignages ont été départagés par un jury (composé de représentants de l' Afev (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville), Les Amitiés Acadiennes, Cidj (Centre d’Information et de Documentation pour la Jeunesse), Cpu (Conférence des Présidents d’Université), lachaineducoeur.fr, GDF Suez, Jeveuxaider.com, Mairie de Paris, OFAJ, Phosphore, RockCorps, UCPA) qui a sélectionné parmi eux les quatre témoignages  les plus marquants. 

C'est Isabelle Persoz, Présidente d'Espace Bénévolat, qui a remis les prix aux quatre lauréats:


Isabelle Persoz (en arrière plan),
avec les 4 lauréats et les sponsors

- Marion (23 ans), pour son engagement au sein de Junior Solidarité, en rendant visite à des enfants hospitalisés atteints de cancer et en leur faisant découvrir les possibilités d'internet.
"Le bénévolat est une promesse, celle toujours tenue, de rencontres inoubliables, de souvenirs inoxydables, et de moments de partage riches d’une modestie, d’une simplicité et d’une générosité qui les rendent uniques. »
"Chaque moment passé avec eux, chaque sourire, regard, merci ou simple « tu restes encore un peu ? » sont autant de cadeaux en retour qui ont donné tout leur sens et ont rendu précieuses ces quelques heures passées chaque semaine auprès d’eux."

Marion gagne un séjour d' immersion dans une association en Acadie (Canada) offert par les Amitiés France-Acadie

- Ophélie (22 ans) pour son engagement dans l'association GENEPI où elle a enseigné l'anglais à des prisonniers, après d'être engagée pendant deux ans auprès d'un enfant autiste.
« Le bénévolat : si pour certains, cela rime avec voyage sous la forme du volunteering, il n’est pas nécessaire de voir si loin. Souvent, ceux dont le besoin d’aide est grand se trouve sous nos fenêtres".
"Même si parfois, on doute de la portée que représente notre implication, chaque action est utile, quelle qu’en soit l’échelle. Dès que l’on croit à ce que l’on fait, cet effort est toujours récompensé. "
"Le bénévolat permet d’appréhender notre société , c’est lorsque qu'on offre sans nécessité de retour que l’on obtient le plus."

Ophélie gagne un séjour dans un chantier international en Europe, offert par Jeunesse et Reconstruction et GDF Suez

- Sabine (23 ans), pour son engagement dans l'Association des Paralysés de France, et le témoignage plein d'humour qu'elle a réalisé en accompagnement d'une video où le rire et la joie de vivre invitent au bénévolat !
 " Pour votre longévité et celle des autres, il est conseillé d'effectuer du bénévolat aussi souvent que vous le pouvez. »
" Il est déconseillé de faire du bénévolat si vous êtes un androïde ou un robot: sont suscités en effet les sentiments d'empathie et d'altruisme"

Sabine gagne un séjour dans un chantier, en Allemagne, offert par l'OFAJ (Office Franco-Allemand pour la Jeunesse)

- Baptiste (20 ans), pour son engagement à l'UNICEF où il défend la cause des enfants, depuis ses années lycée et aujourd'hui à l'université.                         .
"Donner c'est aussi recevoir"
"Les rencontres que l'ont fait sont le moteur du bénévolat mais elles en constituent aussi toute la richesse"
"Il faut être bien arrogant pour croire que seul le bénévole peut donner et n'a rien à recevoir".
"Le plaisir décuple notre motivation, c'est le carburant du bénévolat"
"La mécanique du bénévolat c'est donc de rencontrer des gens avec qui on prend plaisir à porter et défendre une cause. »

Baptiste gagne un séjour sportif en France avec l'UCPA

Pour en savoir plus sur les actions menées par les quatre gagnants, se reporter au site du prix Jeune § Bénévole

Baptiste, Ophélie, Sabine et Marion
Tous nos voeux de réussite à ces jeunes ambassadeurs du bénévolat, pour les actions qu'ils mènent en faveur de la solidarité et de la citoyenneté

Et pour finir, un morceau de batucada qui a ponctué cette soirée et clôturé la remise des prix, exécuté par des membres de l'association "La fabrique des échos"  implantée dans le XIIIè arrondissement de Paris
 

 

 

 



 

 

 

 

 

28 novembre 2012

Etudiants bénévoles, le manque de temps est un obstacle majeur !

 Lu pour vous : un article paru sur le site de la Vie Etudiante où l'on découvre que les étudiants aimeraient s'engager davantage dans le bénévolat, mais que pour beaucoup d'entre eux, le manque de temps est un obstacle, et que, pour les mêmes raisons, le service civique est difficilement conciliable avec un emploi du temps d'étudiant...surtout si certains organismes exigent un maximum de temps (35 heures, voire plus !)

Alors, n'est-ce pas l'occasion pour les associations, de réfléchir à des types d'actions (ponctuelles, de très courte durée, e-bénévolat,) qui pourraient convenir à cette catégorie de bénévoles très motivée et compétente ?

15 novembre 2012

Des volontaires du Service Civique témoignent


Le service civique en quelques mots
Instauré par la loi du 10 mars 2010 sous l'impulsion de Martin Hirsch alors Haut commissaire aux solidarités actives, son objectif était de favoriser la mixité sociale et de développer l'engagement citoyen des plus jeunes en leur proposant, entre 16 et 25 ans, de s'engager pour une période de 6 à 12 mois au sein d'une structure associative ou d'un organisme public agréés par l'Agence du service civique.

Fin 2011, 22.000 jeunes avaient effectué un service civique. Pour 2012, 25.000 postes ont été "mis sur le marché". En septembre, 10.000 postes étaient encore à pourvoir.

Quelques chiffres et données :
- 57% de filles.
-18% seulement proviennent de zones urbaines sensibles ou de zones d'éducation prioritaires.
- 24% ont un niveau inférieur au bac, 36% sont de niveau bac, 40% ont une formation supérieure
- Implantation encore très inégale dans les DOM-TOM et assez faible dans les secteurs ruraux

Un rapport déposé sur le bureau de l'Assemblée Nationale fin 2011 mettait en évidence certains points du dispositif à améliorer, notamment en ce qui concerne l'éducation à la citoyenneté, le suivi des volontaires dans leur projet personnel, la valorisation des compétences acquises et l'absence ou l'insuffisance de contrôle sur les dérives possibles (notamment sur la définition et le contenu des missions confiées). Pour en savoir plus

Globalement, le bilan est positif pour les associations qui n'y trouvent que des avantages et souhaitent vivement que le dispositif demeure et soit renforcé...un engagement du candidat François Hollande !

Et les interessés, que disent-ils ?
Nous avons demandé à 6 jeunes ayant effectué un service civique volontaire (SCV) de nous faire part de leur expérience. Nous ne leur avons pas demandé de raconter en détail le contenu et le déroulement de leur mission. Nous voulions recueillir leur témoignage autour de thèmes plus généraux et laisser libre cours à leurs commentaires.
 
- Qui sont-ils ?
Joanna en pleine action
Joanna a 25 ans, elle a effectué un service civique de 9 mois au sein de l'association Espace Bénévolat  d'octobre 2011 à juin 2012.Elle était chargée des relations avec les associations adhérentes afin de définir avec elles leurs besoins et promouvoir les services et prestations qu'EB pouvait leur offrir. Elle a également participé à des "petits déjeuners bénévoles" destinés à faire connaître le bénévolat à certains publics


Sara et des élèves de primaire
Sara a 25 ans, elle a décidé de partir loin et a effectué pendant 8 mois (de novembre 2011 à juin 2012) un service civique au lycée français Théodore Monod de Nouakchott. Elle était chargée en mission principale, du dispositif de tutorat pour les élèves en difficulté, mais a aussi participé activement à des projets culturels et à des actions de remédiation scolaire, aide aux devoirs et soutien scolaire, FLE, FLS (français langue de scolarisation), éveil et expression pour les plus petits.

Charline a 23 ans. Elle effectue actuellement (septembre 2012 à juillet 2013) un service civique au sein de l'association  Fert (association française de coopération internationale pour le développement agricole des pays en développement et émergents), association partenaire de la guilde européenne du raid avec laquelle Charline a signé son contrat. En partenariat avec le Conseil National de l'Enseignement Agricole Privé (CNEAP), elle est chargée d'animer le réseau des correspondants régionaux d'établissements scolaires agricoles et de monter avec eux des projets d'interventions ou de forums dans les pays en développement et en France (afin de faire prendre conscience des mécanismes et inégalités qui régissent les relations internationales). Dans ce cadre, elle est également chargée d'établir un référentiel de bonnes pratiques



Plat traditionnel au
Burkina pour Adrien !
Adrien a  25 ans. Il a effectué un SCV pendant 10 mois, d'octobre 2011 à juillet 2012,  au sein de l'association "Graine de savoir et soif d'apprendre" dans laquelle il travaillait déjà comme bénévole depuis 4 ans. Ce service civique lui a permis de s'impliquer totalement et à plein temps. Sa mission comportait deux volets : 1) favoriser l'éveil citoyen par le jeu (animations dans des écoles, des maisons de quartier, des centres de loisirs..) autour de thèmes tels que civisme, violence, solidarité, développement durable... et co-organisation et animation d'un festival citoyen organisé par l'association (Festival Educ'action) en mars 2012.
2) sensibiliser à la solidarité internationale en proposant des outils, des formations sur ce thème, développer le centre de documentation de l'association et former des jeunes désirant s'engager dans un projet de solidarité internationale. Il a effectué une mission de deux semaines au Burkina Faso.


Le site de l'association
n'a plus de secret pour Alice !

Alice a 22 ans. Elle aussi a effectué un SCV à Espace bénévolat de 7 mois en 2010-2011. Plus spécialement affectée à la mission "jeune et bénévole", elle assurait la promotion et l'animation du site internet et des réseaux sociaux. Elle a par ailleurs participé à certains évènements auxquels l'association participait

Flora a 26 ans. Elle a effectué un SCV de 7 mois, de décembre 2011 à juillet 2012 au Centre Information Jeunesse (CIJ) du Val d'Oise. Elle était en charge de l'espace d'expositions (recrutement de jeunes artistes, montage de l'exposition avec eux, communication :  rédaction de communiqués et relations presse), et de la recherche de dispositifs pour rendre plus accessible la culture aux jeunes. Elle a également créé et géré une page facebook, et s'est occupée du contenu du site internet pour mettre en valeur le pôle culture. Elle a enfin créé un "quizz culture" dans le cadre d'un appel à projets de la région Ile de France. 

- Comment sont-ils devenus des volontaires du service civique ?
Il faut bien reconnaître que la motivation principale, pour la grande majorité, est l'absence d'emploi. Toutefois, certains ont une approche positive et y voient une opportunité, d'autres ont une approche "négative".... "je prends, faute de mieux". Ceux-là ne vont souvent pas jusqu'au bout de leur service civique et "décrochent" avant la fin, ce qui n'a pas été le cas de nos six volontaires qui ont abordé leur service civique de manière positive.
 
  Joanna est arrivée à Espace Bénévolat après avoir exercé, comme elle dit, des "boulots alimentaires" pendant et après des études qui l'ont conduite à une licence de médiation culturelle. Elle était au chômage mais répugnait à accepter un emploi qui ne lui aurait apporté qu'une satisfaction matérielle. Elle se cherchait, dit-elle, et souhaitait  une expérience humaine, "quelque chose d'utile, qui ait du sens, car j'avais besoin de savoir pourquoi je me levais le matin".."j'aurais pu aller chez MacDo, mais je ne m'y résignais pas".C'est alors qu'une amie qui avait effectué un service civique lui a parlé de sa propre expérience.
  Alice recherchait un emploi dans le domaine de la communication, (sa spécialisation) après un DUT "techniques de commercialisation". C'est par la mission locale de sa ville de résidence (dans la Manche) qu'elle a connu le service civique et qu'elle a pu ainsi trouver l'opportunité d'intégrer une équipe chargée de communication.
  Sara a fait un DUT de journalisme et est titulaire d'une licence Culture et Communication, d'un master1 "ingénierie des médias pour l'éducation" et d'un DU Français Langue Etrangère. Elle souhaitait travailler, dit-elle, "avec les réfugiés", mais les offres d'emploi la renvoyaient la plupart du temps sur le site du Service Civique, et c'est ainsi qu'elle a répondu à une offre de l'Agence de l'Enseignement Français à l'Etranger (AEFE) rattachée au Ministère des Affaires étrangères.
  Charline a une licence de droit suivie d'un M1 et M2 "Organisations internationales" qu'elle vient de terminer à Sciences-Po Grenoble. Après un stage à  Médecins du Monde, elle a décidé d'effectuer un service civique afin d'enrichir son expérience, se donner le temps "de réfléchir à ce que je voulais vraiment" et "profiter d'une période d'entre deux", acquérir de nouvelles compétences et travailler dans le secteur associatif, et à ce sujet, "la symbolique du service civique était intéressante"
  Adrien avait commencé des études de commerce, mais "je me suis rendu compte que ça ne me ressemblait pas du tout" . Il a alors voyagé pendant deux ans au Mali et en Europe, en effectuant des "petits boulots". A son retour en France, tout en étant assistant d'éducation dans des lycées, il s'est engagé comme SCV en complément d'un mi-temps au lycée. Il connaissait l'association dans laquelle il travaillait déjà comme bénévole.
  Flora a une licence LEA, un master1 "LEA traduction" et un master2 "relations interculturelles et coopération internationale, management culturel". Elle était au chômage mais a choisi de se donner une période de réflexion, compléter sa formation, acquérir de nouvelles compétences, et ainsi, enrichir son CV. L' action solidaire l'attirait. Elle a trouvé cette offre sur le site du service civique.

- Un accueil en général chaleureux et attentif qui a facilité leur intégration, des organismes "qui jouent le jeu"
Joanna souligne l'engagement de sa tutrice  et l'assistance qu'elle a trouvée au sein de l'association (un ancien DRH bénévole) pour mieux cerner son projet personnel.
Alice estime avoir pu travailler en étroite liaison avec sa tutrice qui lui laissait une grande marge d'autonomie et de responsabilité, dans un cadre régulier d'échanges et de bilans. Des objectifs lui étaient fixés. Elle a pu parler de son projet personnel.
Sara, qui avait effectué plusieurs stages,  précise que c'est la première fois qu'elle s'est sentie aussi bien accueillie. Elle a travaillé en totale autonomie dans sa mission principale de tutorat dont elle était entièrement responsable, en groupe pour les autres activités. Le proviseur adjoint (son tuteur) l'impliquait dans toutes les réunions. Elle a ressenti un peu de difficultés au début car "l'univers des professeurs est très corporatif..." ! son rôle n'était effectivement pas clairement identifié au début.
Ce qui l'a marquée "un public auquel je ne m'attendais pas" : des enfants scolarisés en France, de retour avec ou sans leur famille en Mauritanie où ils peuvent continuer leur scolarité (commencée en France) au lycée français de Nouakchott !
Adrien connaissait déjà l'association dans laquelle il travaillait depuis 4 ans comme bénévole avec "des amis de longue date pour la plupart" et se sentait donc "chez lui". Pour ce qui est de son projet personnel, il savait d'ores et déjà ce qu'il voulait ! Ce qui l'a marqué :
"Le festival Educ'Action organisé par mon association en mars 2012....intense et riche en rencontres, en sourires partagés ..tout simplement magique ! de même que "le verre levé au Burkina pour fêter la fin de mon SCV, dans un pays extraordinaire"
Charline se sent parfaitement intégrée et dispose d'une grande autonomie. Le projet sur lequel elle travaille avait débuté en janvier 2012. Elle s'est "raccrochée aux wagons" avec facilité !
Flora a pu travailler avec beaucoup d'autonomie, et des responsabilités lui ont été confiées. Elle assistait aux réunions hebdomadaires du staff (6 salariés).

- Ils n'ont pas perdu leur temps....des compétences nouvelles ou renforcées inscrites à leur CV
Nos 6 volontaires sont unanimes pour dire que le SCV leur a beaucoup apporté sur le plan professionnel et personnel. Ils citent :
l'apprentissage de nouvelles techniques (nouveaux logiciels, compétences WEB et multimedia, techniques de communication, rédaction de communiqués et relations presse, évènementiel, montage de dossiers de financement, conduite de projets.....), l'apprentissage du travail en équipe,la transmission de  savoirs, des compétences pédagogiques et un apprentissage du milieu et des activités scolaires, une ouverture sur l'extérieur et la connaissance de publics très divers, la prise de parole en public, l'accueil téléphonique, l'organisation de son temps, une meilleure confiance en soi......et enfin, l' ouverture sur le bénévolat, "expérience humaine qui me servira toute ma vie".

Ils ont majoritairement suivi la formation PSC1 ou équivalent. Quant à la formation "citoyenne", certaines associations ont devancé le décret d'application en permettant aux jeunes volontaires de suivre cette formation auprès d'organismes qui la dispensent sous une forme ou sous une autre (Ligue de l'Enseignement, Guilde européenne du raid, par exemple...)

- Et après.....?
Joanna a trouvé un emploi en CDI à la Mairie de Montreuil, dans lequel elle se sent bien. Chargée de l'accueil au sein du service "Prestations à la population", elle est formelle : c'est son service civique qui a été déterminant au cours de son entretien d'embauche, et sa connaissance du secteur social  acquise pendant son SCV l'aide dans son travail quotidien, en lui donnant un regard tourné vers les autres.
Alice est retournée dans la Manche et a trouvé un CDI de télé-opératrice dans une entreprise en attendant un emploi correspondant davantage à sa formation initiale. Mais son expérience de service civique et les compétences qu'elle y a acquises figurent désormais sur son CV comme une expérience professionnelle à part entière, et non pas "comme un stage ou du bénévolat", dit-elle
Sara a décidé de prendre une année sabbatique pour faire du bénévolat (alphabétisation et ASL, éducation populaire, interprétariat auprès de journalistes réfugiés..). Elle déborde d'enthousiasme. A la question "comment vas-tu faire financièrement", elle répond avec fierté qu'elle a économisé au cours de ses "petits boulots", mais surtout pendant son service civique (ce qui va en étonner plus d'un !) car l'allocation allouée, identique à celle perçue en France et très légèrement augmentée d'un petit "rajout" par la structure d'accueil, lui a permis de vivre très correctement tout en mettant de l'argent de côté, étant donné le niveau de vie en Mauritanie !!
Elle a réalisé que sa place n'était pas dans l'education nationale, ni dans l'expatriation. Mais elle a conforté son attirance pour l'enseignement du FLE qui la passionne.
Pour Charline, il est encore trop tôt, mais grâce à cette expérience, " j'affirme mon profil associatif voire humanitaire"
Flora pense avoir trouvé sa voie à l'issue de sa période de réflexion. Elle cherche résolument un travail à l'étranger. Si le domaine culturel continue de la passionner, elle y associe désormais un désir de travailler "pour aider les autres". En attendant, elle prépare ce projet de mobilité en suivant des formations notamment à l'AFIJ (Association pour Faciliter l'Insertion professionnelle des Jeunes diplômés) et participe à des ateliers au Pôle emploi international
Adrien a définitivement compris que la voie du développement et de l'éducation populaire était la sienne, laissant loin derrière lui une carrière commerciale à laquelle ses études le destinaient. Le service civique l'a confirmé dans son projet personnel. Il est aujourd'hui très impliqué dans l'action bénévole au sein de la même association. Par ailleurs, il prépare le BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Education Populaire et du Sport), spécialité Loisirs tous publics, en alternance avec un emploi d'animateur sans un centre social de la région parisienne.

-Laissons-leur la parole...
Aucun n'a l'impresion d'avoir perdu son temps, tous le conseilleraient à un(e) ami(e), mais Adrien précise "pour un jeune qui n'a pas de loyer à payer ou qui vit encore chez papa maman et ne souhaite pas économiser de l'argent"

Notés çà et là...quelques commentaires 
"c'est une belle expérience enrichissante" "les jeunes devraient passer par le bénévolat" "j'avais besoin de savoir pourquoi je me levais le matin" "j'ai apprécié les responsabilités données et la liberté de m'exprimer.... en comparaison avec un stage en entreprise" "c'est une expérience humaine qui me servira toute ma vie" "pouvoir participer au fonctionnement d'une association tout en étant indemnisé, cela permet un meilleur engagement pour une action qui te tient à coeur" "je veux valoriser cette expérience très intéressante" "on m'a vraiment fait confiance", "je le conseille en disant que ça peut permettre de réfléchir sur son projet professionnel, de faire une pause et de se réorienter", "le SCV présente l'avantage d'être plutôt bien perçu par les employeurs", "il n'y a pas la pression du salariat"...

Mais en contrepoint :
Si Sara a pu mettre de l'argent de côté, elle est la seule, et l'on sait pourquoi !
"on exige de nous autant que de salariés" "comment faire avec 560 euros/mois à Paris", "je faisais la même chose que mon tuteur qui gagnait  3 fois plus que moi" "aucune cotisation chômage, et donc pas de reconnaissance à Pôle emploi" "il faut reconnaître que c'est un travail salarié au rabais" "les volontaires ne devraient pas travailler 35 heures comme les salariés car leur statut est différent", "un dispositif de plus aux dispositifs de volontariat sous payé"
"le service civique est clairement un travail au rabais...un palliatif au chômage des jeunes....un moyen de ne pas les faire figurer dans les statistiques nationales"

...Et quelques suggestions :
"Davantage de temps de formations, de suivi, de débouchés"
"de meilleures indemnités" "il faudrait au moins nous payer la carte de transport" "davantage de rencontres avec d'autres volontaires pour échanger sur nos activités" "davantage de formation citoyenne" "j'aurais aimé qu'on valorise mes actions" "j'aurais aimé avoir des formations plus personnalisées qui correspondent à mon projet professionnel, des formations vraiment utiles" "un accompagnement en France au départ et au retour" (pour les SCV à l'étranger)
....et aussi...une homogénéisation des durées hebdomadaires de travail, celles-ci allant de 25 heures à 35 heures (voire plus) chez nos six volontaires, ou une harmonisation avec différenciation pécuniaire !

 

En conclusion :

- une grande satisfaction, une expérience humaine enrichissante, des moments forts, des compétences acquises, une meilleure visibilité et un temps de réflexion sur le projet professionnel
 
- des "revendications" : le montant de l'indemnité, des rencontres et un partage d'expériences avec d'autres jeunes SCV, une homogénéisation de la durée du travail ou une différenciation pécuniaire
 
- mais une certitude : le service civique n'est pas prêt de disparaître et doit se renforcer afin de devenir une véritable "école de la citoyenneté" !


Merci à Adrien, Alice, Charline, Flora, Joanna et Sara

04 novembre 2012

Reconnaissance du bénévolat.....une pratique québécoise affirmée

Comment témoigner de la reconnaissance aux bénévoles de manière concrète et officielle ? C'est un sujet largement abordé dans le livre blanc publié à l'issue de l'année européenne du volontariat et du bénévolat, qui fait état de nombreuses suggestions émises par les représentants des différents Etats membres...pouvant aller jusqu'à une reconnaissance au plus haut niveau de l'Etat !
 

Le Canada, et plus particulièrement le Québec est toujours une référence, et il est souvent intéressant d'aller visiter les sites du bénévolat québécois.


C'est ainsi que j'ai découvert que chez nos cousins de "la belle province" il existe une procédure de reconnaissance au plus haut niveau puisqu'elle relève du Gouvernement, une distinction officielle spécifique à l'action bénévole.
Il suffit, pour les associations, d'en faire la demande auprès du "Ministère de l'Emploi et de la solidarité sociale, Secrétariat à l'action communautaire autonome et aux initiatives sociales", qui délivre une "attestation de reconnaissance".

Pour avoir une idée des renseignements à fournir :  Le formulaire de demande, à remplir par les associations québécoises.

Il existe par ailleurs un certain nombre de prix décernés à des bénévoles dans différents domaines : le Prix québécois, le Prix du Gouverneur général pour l'entraide, le prix hommage-bénévolat Québec et bien d'autres encore....

Pour en savoir plus sur le bénévolat au Québec, visitez le site du Secrétariat à l'action communautaire.

23 octobre 2012

Lu pour vous : un dossier complet sur l'action humanitaire



YOUPHIL: L'essentiel du media de l'engagement et de la  
solidarité.
Youphil vient de publier pour la seconde fois cette année (voir notre article du 24 mai dernier),  un nouveau dossier très complet sur l'action humanitaire, depuis la formation, le choix d'une mission, les pièges à éviter avant de partir, le stress auquel sont confrontés les humanitaires (semblable à celui que connaissent les salariés des entreprises), jusqu'au burn-out qui les guette à leur retour de mission. Un dossier passionnant, enrichi de témoignages et de liens vers d'autres articles. 
 
Le dossier à consulter

09 octobre 2012

Le livre blanc du bénévolat est arrivé...des orientations prometteuses !

     
Nous l'attendions !
Nous vous l'avions annoncé dans l'un des premiers articles de ce blog en mars dernier.
A la suite de l'année européenne du bénévolat en 2011, un "livre blanc" du bénévolat devait être réalisé par un groupe de travail et publié, faisant la synthèse des propositions  émises et des thèmes abordés au cours de l'année par l'ensemble des pays européens, et présentant un certain nombre de préconisations.
Ce document, intitulé "Policy Agenda on Volunteering in Europe (PAVE) a été publié au cours du premier trimestre 2012. Nous en attendions la version française. Celle-ci vient d'être publiée par le ministère des Sports, de la Jeunesse, de l'Education Populaire et de la Vie Associative

Des orientations politiques
De manière explicite, il s'agit d'une véritable "profession de foi" européenne et d'une volonté commune de faire référence aux mêmes définitions et  mettre en évidence des problématiques communes. Les préconisations doivent pouvoir déboucher sur des mesures concrètes qui dépendent en grande partie de la volonté politique des Etats membres.
Le cadre du développement : Un environnement responsable et propice au bénévolat, un bénévolat de qualité, une reconnaissance du bénévolat et de sa valeur pour le développement d'une société civile responsable et solidaire.

Des thématiques abordées, base commune de préoccupations et de réflexions.
Les thématiques abordées sont celles qui se posent actuellement, notamment dans le contexte d'une société qui doit évoluer vers plus de solidarité et d'esprit citoyen :
  • Qualité du bénévolat conditionné en grande partie par une réflexion, des solutions et un financement à moyen et long terme
  • Cadres juridiques protecteurs des bénévoles: liberté totale d'être bénévole, égalité de traitement au sein de l'UE et des pays membres, protection sociale dans les pays membres, fiscalité permettant une exonération de l'impôt sur le revenu des remboursements de frais avancés dans le cadre de l' activité bénévole, assouplissement de la délivrance des visas pour des ressortissants de pays tiers, candidats bénévoles au sein de l'UE, notamment en cas de situations d'urgence ou de catastrophes, vérification des casiers judiciaires limitée à des situations exceptionnelle, encouragement des entreprises à faciliter le bénévolat de salariés dans des situations d'urgence, encouragement à adopter une Charte européenne des droits des bénévoles, impliquant bénévoles, associations et pouvoirs public
  • Infrastructures du bénévolat : nécessité de  donner un soubassement solide au bénévolat, par le développement compétences des bénévoles, par des procédures fiables et transparentes (financement notamment,), des canaux institutionnels clairs de communication et de consultation avec les décisionnaires, un système permettant de regrouper des informations fiables, des échanges de bonnes pratiques, une prise de conscience de la valeur du bénévolat, des mises en relation structurées entre bénévoles et associations, des standards reconnus de bonnes pratiques et d'assurance qualité, des études renforcées sur les véritables "besoins", une diffusion systématique, et en direction des cibles concernées, des informations sur les programmes européens...l'adoption d'un statut européen des associations, expression d'une Europe sociale et solidaire...
  • Outils de reconnaissance : le PAVE énumère un grand nombre de suggestions pour une reconnaissance des bénévoles, pouvant aller jusqu'à une reconnaissance au niveau national
  • Valeur du bénévolat : pour le bénévole lui-même, en lui renvoyant confiance, estime de soi, sentiment d'appartenance, pour les communautés qui composent notre société en développant des réseaux de solidarité, en créant du lien social..., pour la société en s'affichant comme un contrepoids à une société mondialisée axée sur le profit financier, économique et matériel, pour l'économie en général en chiffrant la valeur ajoutée par le bénévolat...
  • Bénévolat des salariés : incitation des entreprises à s'engager par le biais de plans "RSE" (responsabilité sociétale des entreprises), à promouvoir, entre autres, le bénévolat de compétences et la création de réseaux d'entreprises (associations) partenaires, une mutualisation des ressources, des compétences, des financements et de la créativité entre entreprises "RSE"....

Pour en savoir plus, consulter la version française du PAVE (50 pages)

25 septembre 2012

Ecrire pour les autres ...ou la solitude de l'écrivain public bénévole

On se souvient du film brésilien "Central do Brasil" qui met en scène une femme écrivain public installée dans la gare centrale de Rio de Janeiro. Elle ne se contente pas d'écrire mais se charge également d'envoyer les lettres qu'elle écrit ....en faisant une sélection de celles qu'elle estime "dignes" d'être envoyées ou susceptibles, selon elle, de recevoir une réponse ! C'est ainsi qu'elle décide de ne pas envoyer une lettre écrite à la demande d'un enfant des rues à la recherche de son père, en décidant de l'accompagner dans le Nordeste à la recherche de ce père....

Ce n'est bien sûr pas l'image romanesque qu'il faut retenir d'un écrivain public qui met bénévolement sa "plume" au service des plus démunis et qui le fait en toute probité et en toute transparence, sans s'immiscer dans la vie de celui ou celle qui sollicite son aide !


Un handicap quotidien sous-estimé
Les écrivains publics sont des gens qui écrivent et lisent pour les autres, pour ceux qui ne connaissent  pas suffisamment notre langue, ou qui n’ont pas eu la chance de bénéficier d’une scolarité, ou encore qui ont été laissés pour compte sur les bancs de l’école et sont le résultat d’un échec scolaire qui a fait d’eux, malgré eux, des handicapés et accentué leur sentiment d’exclusion. On estime à plus de 3 millions le nombre de personnes illettrées en France, (de 18 à 65 ans, dont 8% entre 18 et 23 ans) soit environ 9% de la population (chiffres 2010).

On n’imagine pas la détresse de celui qui ne lit ni n’écrit. Il vit un enfermement dans tous les actes et les faits de la vie quotidienne. Un pan entier de communication avec l’extérieur lui échappe : pour s’orienter et  se diriger, lire les prix dans un magasin, le journal, les affiches, le courrier, suivre la scolarité de ses enfants, effectuer une démarche administrative. Il doit souvent utiliser des moyens mnémotechniques alternatifs à l’écriture et à la lecture pour mémoriser le lieu et l’heure d’un rendez-vous…
 
L’écrivain public : une activité d’utilité sociale, support d'insertion et d'intégration
L’écrivain public met ses compétences la plupart du temps au service d’associations ou d’organismes officiels (mairies, CAF, centres sociaux, etc..), en complément du travail effectué par les travailleurs sociaux. Son activité est souvent mal connue, souvent idéalisée (il écrirait des lettres d’amour !), perçue comme « complexe » car elle exige une bonne connaissance des circuits administratifs et de la législation en matière de droits sociaux.
Dans la grande majorité des cas, son activité concerne des dossiers administratifs à constituer, des formulaires à remplir et des lettres à écrire : demandes diverses (logements, aides, subventions, CMU, etc…), dossiers de surendettement, de retraites, allocations familiales, sécurité sociale, dossiers de régularisation pour immigrés, CV, lettres de motivation…
L'écrivain traite souvent des dossiers complexes
La complexité de plus en plus grande des formalités administratives a fait de cette activité bénévole un travail d’utilité sociale, une aide à  l'insertion et à l'intégration. Une minorité d’interventions concerne des affaires plus personnelles ou non directement liées à une démarche administrative  (courrier familial, remerciements, correspondances avec l’école des enfants, courriers aux élus, etc..),

Ecrire pour les autres : un exercice parfois difficile
Ecoute, diplomatie, patience, discrétion… l’écrivain public est souvent le confident et le témoin de situations désespérées, se trouvant ainsi poussé, malgré lui,  à partager l’intimité de quelqu’un qu’il ne connaît pas. La prestation demandée dépasse en effet dans la majorité des cas, le simple acte d’écriture, qui n’est souvent qu’un élément d’une quête plus générale d’écoute, de conseil,  et de chaleur humaine.
C'est dans ce contexte relationnel particulier que des difficultés peuvent surgir dans la pratique quotidienne, que chacun essaie de régler de son mieux. Ces difficultés exposées fréquemment lors de rencontres entre "praticiens" restent sans réponse, laissant ainsi les bénévoles "avec leur conscience", être confrontés à des questions dont les réponses relèvent de l'éthique de chacun.

« Dois-je écrire tout ce que l’on me demande ?  me limiter à être un stylo » ?
C’est une situation à laquelle tout écrivain public a été ou sera confronté. On s’accorde généralement sur une base qui consiste à refuser tout courrier de dénonciation, de haine ou d’injure, mais il existe d’autres situations délicates qui peuvent conduire à s’interroger sur les limites à poser : demande de toute évidence vouée à l’échec, affirmation de faits,  d’informations ou de situations sujets à caution, mais qu'il n'appartient pas à l'écrivain public de vérifier…Devant l’insistance du bénéficiaire, quelle doit être son attitude ? Quelles sont les limites de son intervention ?

Le débat est ouvert....bénévoles, associations, vos témoignages sont les bienvenus et pourraient alimenter l'élaboration d' une "charte de l'écrivain public", une référence pour les associations, même si certaines ont établi leur propre charte dans un objectif louable de clarification. 

13 septembre 2012

Le travail bénévole, engagement citoyen ou travail gratuit ?

L'évolution du bénévolat dans un contexte de crise économique, outre le constat d'une évolution de sa nature et de ses pratiques, appelle une comparaison avec le travail salarié.

 Voici un résumé et des extraits du commentaire publié sur le site de l’association belge  « ASBL (Association pour le Volontariat), à propos d’un ouvrage de Maud Simonet sociologue au CNRS (IDHE-Université Paris-Ouest Nanterre), paru aux éditions La Dispute, Paris 2010. Quelques idées nous ont paru intéressantes. Les extraits du commentaire de l'ASBL sont indiqués en italique.
 « Habituellement appréhendé comme forme d’engagement, de militantisme ou d’exercice à la citoyenneté, le bénévolat fait rarement l’objet d’une analyse comme forme de travail. L’originalité de cette étude (celle de Maud Simonet) réside en une analyse du bénévolat à la lumière des concepts et des outils de la sociologie du travail ».
Les usages sociaux du travail bénévole
Le bénévolat intervient dans la construction des carrières professionnelles, d’une part en figurant parfois sur le CV, d’autre part en aidant les individus à retrouver un « certain idéal de soi au travail (se sentir utile, engagé..) »
« Le travail bénévole se situe donc soit en amont du travail, c’est-à-dire à l’entrée dans l’emploi, de par sa dimension « préprofessionnalisante », soit en aval du travail dans la mesure où il constitue une prolongation des carrières professionnelles au-delà de l’emploi et de la retraite » .

Deux catégories de bénévoles coexistent et traduisent une « inégalité des rapports au travail ». Certains ont le choix de s’investir en étendant leur activité de salariés à une activité bénévole. D’autres espèrent que leur activité bénévole évoluera un jour vers une activité salariée. « Les premiers sont dans le registre du cumul quand les seconds sont dans celui du « sacrifice ».

Les usages politiques du travail bénévole
« Selon l’auteur, les politiques publiques du bénévolat sont, du moins en partie, des politiques de l’emploi, et ce à double titre : en ce qu’elles visent à développer et/ou à institutionnaliser des formes de travail bénévole dans les services publics, mais aussi car elles mettent au travail (bénévole) des catégories de la population qui ne sont pas dans l’emploi ».
« Loin d’être simplement l’objet d’une politique publique, le bénévolat en est aussi l’instrument et ce sont bien les dimensions de travail au cœur de cette pratique qui permettent à l’Etat de l’instrumentaliser. »
Dans les mentalités outre-Atlantique
Aux Etats-Unis, l’individu est au service de la Nation, la communauté est une valeur forte dans la mentalité américaine, et il existe une tradition associative liée à l’histoire de la démocratie américaine et donc une reconnaissance et une valorisation de l’activité bénévole. « La grande différence avec la France est que les américains se mobilisent pour répondre concrètement en tant que société civile à un problème, alors que les Français sont dépendants de l’Etat ou de la collectivité locale », la pratique bénévole « trouvant difficilement sa place dans le fonctionnement démocratique du pays du fait notamment d’une tradition de forte attente par rapport à l’Etat. »
En comparant ainsi la France aux Etats-Unis, Maud Simonet souligne les différences de politiques dans chacun des deux pays, mais constate également les transferts de pratiques qui montrent l’évolution récente de la politique française et la mise en place récente de dispositifs institutionnels, se rapprochant ainsi d’une conception résolument « citoyenne ».

Les usages associatifs
Enfin, l’auteur identifie la relation de travail qui relie le bénévole à l’organisation dans laquelle il s’engage. Les associations, en effet, « participent également, parfois malgré elles, à cette instrumentalisation du travail citoyen » en procédant, par exemple à   « la construction de cadres d’exercice pour le bénévole : congés, indemnités, formations -  inspirés du monde du travail salarié ».   Ces procédures « visent à institutionnaliser la présence du bénévole, de ce travailleur non institutionnel, dans une situation de travail institutionnalisée….ce qui peut avoir des conséquences, notamment dans les milieux déjà hautement institutionnalisés (milieu hospitalier, scolaire) » en provoquant des tensions.
La "professionnalisation" de plus en plus poussée du travail bénévole ne traduit-elle pas, elle aussi, un rapprochement entre les deux activités ?

En conclusion
Cet ouvrage propose une vision intéressante du bénévole comme « travailleur ».  Il pose un questionnement « sur les contradictions de l’engagement et sur la « bénévolisation du travail »
Le sujet n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre, face aux pratiques "de crise" qui émergent dans l'urgence, notamment en Espagne où le travail bénévole se substitue souvent aux emplois supprimés dans certaines fonctions publiques territoriales.

Le bénévolat, « engagement citoyen » ou « travail gratuit" ?

22 août 2012

Pour entrer à Sciences-Po, passage par la case bénévolat !


Le bénévolat, un plus pour entrer à Sciences-Po ?

Du nouveau à Sciences-Po pour le prochain concours d'entrée en mars 2013 ! Une activité bénévole inscrite au CV pourrait donner quelques points supplémentaires ! Une valorisation de l'engagement associatif chez les jeunes, que nous ne cessons d'appeler de nos voeux !
C'est ce que révèle un article paru dans "Rue89" fin juillet , ouvrant un débat sur le "favoritisme" des plus riches qui auraient les moyens de "s'offrir" quelques semaines de bénévolat en rejoignant une ONG à l'autre bout du monde !

Partir loin n'est pas un gage de motivation
Le titre de l'article peut en effet prêter à confusion car il laisse entendre qu'un engagement humanitaire à l'étranger serait le type d'engagement associatif qui prévaudrait.
Fort heureusement, des témoignages de responsables de l'école ou d'enseignants membres du jury, nous rassurent : " Les étudiants de milieux modestes peuvent s'investir dans leur ville. Ce que nous ne voulons pas, ce sont des étudiants qui font la révolution dans leur chambre ou devant leur ordinateur, qui veulent tout changer sans engagement effectif dans leur CV "
" ils (les étudiants) préfèrent Greenpeace à une association d'aide aux devoirs près de chez eux "
"nous n'allons pas privilégier l'expérience internationale par rapport à une implication locale"
"ce qui compte pour nous, c'est l'ouverture d'esprit, la curiosité, le sens des responsabilités"

Le bénévolat, une "matière à option" ?
Nous devons nous réjouir de cette évolution et de cette prise en compte d'une activité bénévole pour apprécier la personnalité d'un candidat destiné demain à faire partie, directement ou indirectement, des "décideurs". Mais est-il opportun de l'inscrire en tant que telle ? Ne va-t-on pas assister à une surenchère d'engagements  d'opportunité à la veille des concours ?

Le bénévolat deviendrait-il une "matière à option" pouvant donner quelques points, à l'instar des épreuves de sport, de musique ou d'arts plastiques pour le baccalauréat ? pour celui-ci, il s'agit de reconnaître et de valoriser, chez des candidats, un don particulier acquis en partie par un long travail. En serait-il de même pour le bénévolat ? l'esprit citoyen sera-t-il toujours le leit-motiv de nos futurs "sciences-po" ? On peut se poser la question en lisant un témoignage de parents à la recherche d'une activité bénévole pour leur fille avant le concours !

Certains commentaires publiés à la suite de l'article semblent indiquer que le fond du sujet n'a pas été bien compris et n'a pas donné lieu au débat que l'on pouvait attendre. A lire pour vous faire une idée.... !

http://www.rue89.com/2012/07/21/pour-entrer-sciences--passez-par-la-case-humanitaire-233992