- L’IAE Lyon (elle n’est pas la seule) rend obligatoire, pour les étudiants de
première année, le don d’un minimum de 20 heures de bénévolat. Ce bénévolat
compte dans les notes de passage en seconde année. « Nous voulions
vraiment que tous les étudiants soient confrontés au monde associatif, leur
montrer qu’il n’y a pas que les entreprises. Notre but est de former des
managers responsables et cette démarche les aide à prendre conscience d’un
certain nombre de choses » (Catherine Mercier-Suissa, responsable
pédagogique)
- Un décret du 10 mai 2017,
issu de la loi Egalité et Citoyenneté, et applicable
dès la rentrée 2017,
entérine la reconnaissance de l’engagement des étudiants dans la vie
associative, sociale ou professionnelle. Les établissements d’enseignement supérieur
doivent mettre en œuvre un dispositif garantissant la validation des
compétences, connaissances et aptitudes acquises par leurs étudiants dans
l’exercice d’activités associatives, sociales ou professionnelles. La
reconnaissance peut prendre plusieurs formes : attribution d’éléments
constitutifs d’une unité d’enseignement,
crédits européens « ECTS », dispense totale ou partielle de
certains enseignement ou stages…
De même seront possibles
des aménagements dans l’organisation et le déroulement des études et des
examens (emploi du temps)
De très nombreuses
universités sont sur le pied de guerre afin d’organiser au mieux cette
reconnaissance. Des problèmes se posent, tout particulièrement celui de savoir
quelles sont les activités associatives qui peuvent être concernées..
- Pour susciter le bénévolat des jeunes et s'attaquer à un problème récurrent, celui du logement des étudiants, signalons une
initiative lancée par la Ville de Paris
qui a transformé plusieurs appartements familiaux en colocations étudiantes
dans des résidences sociales, dans les 12è, 14è, 17è, 18è, 19è et 20é
arrondissements, pour un prix modique (par exemple, un T3 de 42m2 dans le 20è
est loué 275€ hors APL). Une centaines d’étudiants ont bénéficié de ce
dispositif à la rentrée 2017.
En contrepartie de cet
avantage, les étudiants s’engagent à effectuer 4 ou 5 heures de bénévolat par
semaine (cours de langue française, soutien scolaire..)
La Ville de Paris n’est
pas la seule pour ce type d’initiative. Plusieurs villes de France y ont eu
recours, notamment Nantes avec le concept de « voisins solidaires » qui
promeut le logement de jeunes dans une résidence pour personnes âgées,
moyennant un loyer symbolique en échange d’un peu de temps consacré aux
personnes âgées.
Du côté des
associations
- Une proposition de loi a
été déposée le 17 octobre dernier, visant à atténuer les condamnations de
dirigeants bénévoles d’associations à but non lucratif, au titre de l’action en
responsabilité pour insuffisance d’actif. Cette proposition considère en effet
que le responsable associatif qui commet des erreurs de gestion, même de bonne
foi, ne dispose d’aucune des protections dont peut disposer un dirigeant
d’entreprise pour limiter sa responsabilité personnelle (patrimoine
d’affectation, statut juridique de la société…)
Cette proposition demande
donc au tribunal de tenir compte de la qualité de bénévole et des moyens
qu’avait l’association pour se prémunir des risques financiers. Affaire à
suivre….
- Un tollé chez les
associations après l’annonce de la suppression d’un très grand nombre de contrats
aidés en 2017 (passant de 459.000 à 310.000 ), la suppression devant se
poursuive en 2018. Les collectivités locales sont concernées, mais aussi un
grand nombre d’associations. Ces contrats aidés constituent en effet un
tremplin d’intégration et permettent d’assurer ou de renforcer certaines
missions d’intérêt général. En conséquence, des associations s’interrogent sur
leur capacité à continuer, dans les prochains mois, leurs actions de proximité,
les perdants étant les salariés qui bénéficient de ces contrats et les
bénéficiaires des actions menées grâce à ce dispositif. Le mouvement associatif
a dénoncé une décision prise sans concertation ni préparation et souhaite
« que l’année 2018 soit une année de transition et non une année de
rupture »
La presse s’en étant largement fait l'écho, et notamment tout récemment à l'occasion de la discussion au parlement de la loi de finances 2018, nous n’y revenons pas.
A savoir :
- Tout bénévolat n’est pas
autorisé : un arrêt de la cour de cassation a interdit formellement à un
chômeur d’intervenir bénévolement, même de manière accessoire, pour son ancien
employeur, et justifie la décision de Pôle Emploi de réclamer les indemnités
versées.
- Enfin, pour terminer, un
type de bénévolat non répertorié : sachez que depuis le vendredi 3
novembre à 11h44, les femmes travaillent bénévolement jusqu’à la fin de
l’année. C’est en effet la constatation
faite encore cette année par la newsletter féministe « Les
Glorieuses », pour souligner l’écart moyen de salaire qui est encore de 15,8% entre les hommes et
les femmes. Un bénévolat, là où on ne l'attend pas !
Lu pour vous
Une étude originale,
s’appuyant sur l’observation d’une association humanitaire française, pose la
problématique de la contradiction entre les valeurs associatives que se sont
appropriées les bénévoles et la professionnalisation des associations qui se
dotent d’outils de plus en plus sophistiqués venus du « monde marchand »
dans un souci d’efficience et de
performance. On risque alors d’assister à un amenuisement de l’engagement et
de la motivation des bénévoles.
Des pistes managériales sont
proposées, en prenant en compte une typologie des bénévoles établie en fonction
de leurs valeurs et de la perception qu’ils ont des outils de gestion.
Cette étude a été menée par deux universitaires de l'université de Rouen
Louise Forestier
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