19 décembre 2018

Bénévolat : des domaines et des degrés d'implication très variés



    43 % d'adultes pratiqueraient en France une activité bénévole, soit quasiment 22 millions de personnes de 18 ans et plus ! Cette estimation émane du Centre de recherche sur les associations, qui a réalisé une enquête en juin 2017 avec l'institut de sondage CSA auprès de 5039 majeurs. Très impressionnant, ce résultat ne tient pourtant compte que du seul bénévolat formel, c'est-à-dire celui qui est effectué dans le cadre d'une organisation (associative ou pas). 
   Donnant de leur temps à un ou plusieurs organismes – le tiers des répondants déclarent au moins 2 participations différentes –, les bénévoles s'investissent dans des domaines variés. Le taux de participation le plus élevé (13,2 %) est observé dans la défense de droits, de causes et d'intérêts, souligne l'économiste Lionel Prouteau, responsable de cette recherche. Suivent l'action sociale et caritative (11,5 %), les loisirs (10 %), le sport (9,8 %), la culture (6,8 %), puis l'éducation et la formation (3,4 %). En queue de peloton : la santé (2 %) et le développement économique et local (0,7 %).

Le bénévole sportif et la bénévole d'action sociale et caritative

    Sous l'angle des champs dans lesquels ils s'engagent, il y a des différences nettes entre les bénévoles hommes et femmes. Tous domaines confondus, les hommes ont une propension à pratiquer le bénévolat supérieure à celle des femmes, explique Lionel Prouteau. "Mais, c'est avant tout le fruit de la forte participation masculine au bénévolat sportif", précise-t-il (14 % d'hommes et 6 % de femmes). Les hommes s'investissement également plus que les femmes sur le terrain des loisirs (11 % contre 9 %). C'est le contraire qui est observé dans le secteur de l'action sociale et caritative (13 % de femmes et 11 % d'hommes), ainsi que dans celui de l'éducation et de la formation (4 % de femmes, 2 % d'hommes). En revanche, il n'y a pas de différence notable entre les sexes pour ce qui est de l'investissement dans la défense de droits, causes et intérêts, dans la culture ou dans la santé.
    S'agissant de la répartition des intéressés selon l'âge, ce sont les moins de 45 ans chez qui le taux de participation au bénévolat sportif est le plus élevé, alors que le bénévolat d'action sociale et caritative atteint son maximum chez les 55-75 ans. C'est aussi chez les seniors que la défense des droits, causes ou intérêts est la plus forte. "Dans les autres domaines, aucun effet d'âge n'est évident", souligne Lionel Prouteau.
   Tous secteurs confondus, l'enquête met par ailleurs en lumière deux caractéristiques communes aux bénévoles : d'une part, une augmentation des taux de participation avec l'élévation du niveau de diplôme (sauf en ce qui concerne le bénévolat dans le domaine des loisirs) ; d'autre part, une plus forte pratique du bénévolat chez celles et ceux qui, lors de leur adolescence, avaient au moins un parent bénévole. Il y a parmi eux 59 % de bénévoles contre 37 % dans la population qui n'a pas eu cet exemple familial sous les yeux, ce qui "suggère nettement un phénomène de transmission intergénérationnelle des dispositions à s'engager", fait observer Lionel Prouteau.


Une minorité de gros contributeurs

    Les bénévoles consacrent en moyenne 100 à 111 heures par an à leur activité volontaire non rémunérée, mais pour la moitié d'entre eux, la durée ne dépasse pas 45 à 50 heures. En fait, une grande majorité du volume global du bénévolat est assurée par une minorité de pratiquants. Le tiers des plus gros contributeurs – parmi lesquels plus d'hommes que de femmes – est à l'origine de plus de 80 % du volume du bénévolat, tandis que l'apport du tiers des plus modestes n'en représente qu'entre 2 et 3 %. Cela relativise nettement l'indicateur établi en termes de taux de participation ou de nombre de bénévoles, note le responsable de l'étude. En effet, si le taux de participation bénévole calculé sur la population de 18 ans et plus est de 43 %, c'est moins de 15 % de cet effectif de référence qui réalise 83 à 84 % de l'ensemble du travail bénévole. 

Caroline Helfter

Voir Le bénévolat en France en 2017, état des lieux et tendances (octobre 2018), synthèse de l'exploitation de l'enquête Centre de recherche sur les associations-CSA (Synthèse-EnqueteCRA-CSA.pdf)



03 décembre 2018

Des réfugiés engagés...un enjeu pour leur intégration

Une information lue il y a quelques mois sur francetvinfo.fr a attiré notre attention. L'article signalait le recrutement, en juillet, de deux jeunes syriens réfugiés, Omar et Mohamed, en tant que volontaires de service civique dans une MJC de Nancy, afin de participer à l'organisation d'évènements sportifs, festifs et culturels. Le délégué interministériel chargé de l'accueil des réfugiés, Alain Régnier, était présent à la signature des contrats : "ces jeunes ont traversé des épreuves multiples, et à travers le service civique, c'est un engagement qui va leur permettre d'être insérés dans un tissu de proximité dans lequel ils vont mieux apprendre le français. C'est aussi un tremplin vers l'emploi, donc c'est tout bénéfice pour la société française et pour eux-mêmes"

Nous avons voulu en savoir davantage ! Omar et Mohamed étaient, en effet, les premiers bénéficiaires du programme Volont'R initié par la Délégation Interministérielle à l'Accueil et à l'Intégration des Réfugiés (DIAIR), en partenariat avec l'Agence du Service Civique

C'est par décret du 22 janvier 2018, qu'a été institué un délégué interministériel  à l'accueil et à l'intégration des réfugiés, à la suite duquel, une structure a été mise en place auprès du ministre de l'Intérieur, conformément au souhait exprimé par le président de la République en juin 2017.
Ses domaines d'intervention sont larges et concernent la maîtrise de la langue française, l'accès au logement, à l'emploi et à la formation professionnelle, à l'éducation et à la culture, aux droits, ainsi qu'une prise en charge sanitaire et sociale.
Ses missions : la coordination des acteurs concernés ainsi que le pilotage de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l'intégration des personnes réfugiées. 
En partenariat avec l'Agence du Service civique, le programme Volont'R, lancé  officiellement le 26 octobre dans le cadre de la journée de mobilisation de la société civile dans l'accueil des réfugiés, organisée au CNAM, propose  à 1500 jeunes citoyens français, des missions en direction des réfugiés, et à 500 jeunes réfugiés, un engagement citoyen dans une mission de service civique adaptée afin de leur permettre une immersion dans la société française, et suivre un enseignement de la langue française.

Ce programme débutera effectivement en janvier 2019. Le recrutement d'Omar et de Mohamed a donc anticipé son instauration ! Il a d'ailleurs été suivi par différentes initiatives en ce sens.
Lancé le même jour, le programme Mento'R,  (dont les parrains sont Lambert Wilson et Virginie Lemoine) promeut,  par ailleurs, l'accompagnement tutoré pour les réfugiés et encourage les initiative locales.

Mais l'engagement des réfugiés  ne se limite pas à des missions de service civique, et nombreuses sont les associations qui ouvrent leurs portes à ces nouveaux candidats.
En effet, "s'investir bénévolement dans des associations peut être un moyen pour les migrants de participer à la société qui les accueille, d'en découvrir les rouages", ainsi que le soulignent des grandes associations promouvant le bénévolat : Benenova, France Bénévole, Passerelles et compétences, pro bono lab, Tous bénévoles (la Tribune du bénévolat 2017)
France Bénévolat, suite à la décision du conseil constitutionnel reconnaissant la fraternité comme principe constitutionnel, et comme conséquence de celui-ci, "salue l'engagement de toutes les associations qui confient des missions bénévoles à des migrants ou des réfugiés et font de leur participation à leur projet associatif, un acte de fraternité, au nom de l'idéal républicain"

L'association BENENOVA, qui développe des actions de bénévolat concrètes, courtes, ponctuelles et collectives, en mettant en relation des associations et des bénévoles, apporte son témoignage. Stéphanie Andrieux, fondatrice de l'association, expliquait récemment dans une interview à France Inter, que les réfugiés étaient de plus en plus nombreux à s'inscrire sur la plateforme. Pour elle, la participation à ces actions bénévoles est un moyen d'intégration actif et plus rapide, permettant d'apprendre le français sur le terrain et décrypter les codes de la société française, tout en se sentant utiles. 
L'association TOUS BENEVOLES (qui met également en relation des bénévoles et des associations),  reçoit aussi des demandes émanant de migrants (réfugiés ou non) souhaitant s'investir dans des missions bénévoles.

Un gisement précieux de bénévoles parmi les migrants à une époque où les associations peinent à recruter.

Louise FORESTIER