01 octobre 2016

Bénévoles auprès de migrants...les femmes doivent-elles adopter une attitude vestimentaire "de bon aloi" ?

Au hasard de lectures sur le net, une information intéressante à propos d'une association (Utopia56) qui vient en aide aux migrants à Calais et à Grande Synthe.
Elle vient de faire parler d'elle à l'occasion de récriminations de bénévoles, choquées par les termes du statut auquel chaque bénévole se doit d'adhérer. On trouve en effet une disposition surprenante relative à la tenue vestimentaire :

"Les réfugiés  viennent de pays lointains et  il est important de tenir compte des différences culturelles.
Pour les femmes, notamment, il est fortement conseillé de ne pas mettre de vêtements trop courts,  décolletés, hauts sans manche, sous-vêtements apparents etc."

Et dans un message adressé aux bénévoles :
« Les femmes doivent veiller à avoir des vêtements amples, longs (pas de tshirt courts, ni jupes, ni shorts) sans décolletés et couvrant bien les épaules (pas de débardeurs)".

Dans un échange de mails entre des bénévoles (femmes) et l'association, celle-ci a précisé que :
"La majorité de la population du camp est masculine. Ce sont des hommes qui sont depuis des mois sur la route, et c’est ce point qui nous pousse à vous avertir, et non la religion". Autrement dit, ne vous exposez pas à la misère sexuelle des migrants, et pour aller plus loin, ne les provoquez pas ! Si vous êtes agressées, vous en porterez la responsabilité ! De quoi alimenter un vaste débat chez les féministes.

Ce qui est probablement choquant, en effet, et qui plus est pour une association dite "de gauche", c'est d'inscrire dans le statut, une disposition ayant donc force d'engagement de la part des bénévoles féminines.

A propos des violences faites aux femmes et des débats qui ont eu lieu en France tout récemment, il a été réaffirmé que les femmes n'avaient pas à adopter une attitude vestimentaire de nature à empêcher toute agression sexuelle, et que dans aucun cas, quelle que soit leur tenue vestimentaire, elles ne sauraient être tenues pour responsables alors qu'elles sont les victimes en cas d'agression. "Non c'est non" vient de dire l'Allemagne qui vient de voter une loi qui étend la notion de viol...

Alors, face à la situation créée dans les camps de migrants, ne peut-on pas laisser aux femmes le soin de juger elles-mêmes l'attitude qui convient, et, pour reprendre l'expression d'une internaute : "franchement est-il possible de sortir de l’idéologie pour être un peu pragmatique?"

Ou bien, convient-il d'adhérer à la position d'une autre internaute qui déclare :
"Respecter la différence culturelle ? Je pense que respecter la différence culturelle ne veut pas dire agir de la même façon. De mon côté, je m’engage à n’obliger aucune femme kurde à se mettre en mini jupe, même si c’est une tenue tout à fait respectable en France"
 
Simple débat féministe ? Ce qui serait impensable dans une entreprise et provoquerait des réactions syndicales, l'est davantage lorsqu'il s'agit d'une association.
 
Plus généralement, débat sur les limites à l'action bénévole ? On peut citer à cette occasion la problématique rencontrée parfois par les écrivains publics quand il leur est demandé, afin d'obtenir une aide, de rapporter dans un écrit des informations visiblement fausses.

Cette "adaptation à la différence culturelle" peut parfois nous emmener très loin si l'on poursuit la réflexion....

Louise Forestier

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