14 juin 2013

L'ESS, qu'est-ce que c'est ? Quelques repères pour y voir clair

L'Economie Sociale et Solidaire (ESS) est devenue un thème
récurrent depuis les années 80 et bon nombre d'économistes et de politiques y voient une lueur d'espoir dans une société en crise, l'ESS ouvrant la voie à de nouveaux modèles de développement face aux modes de croissance existants. Elle constitue aussi un espoir pour les pays émergents. Le Brésil, tout particulièrement, a su y trouver la voie d'un développement spectaculaire dans certains secteurs de son économie (coopératives de production agricole notamment, banques mutualistes pour un accès des plus pauvres au crédit et à la consommation...)

C'est un concept qui, aujourd'hui, est largement utilisé et présent dans le monde de l'économie. Nos femmes et hommes politiques y font référence. Des modules de formation existent à l'université et dans les écoles de commerce. De nombreux jeunes diplômés, et de plus en plus, hésitent à rejoindre le secteur "marchand" et préfèrent se tourner vers le secteur de l'ESS, d'autres se lancent franchement dans l'"entrepreneuriat social".


De quoi parle t-on exactement ?

Il s'agit du secteur de l'économie composé des entreprises coopératives, mutualistes ou associatives, ainsi que des fondations.

Une idée ancienne
L'Economie Sociale et Solidaire n'est pas un concept nouveau. Dès le XIIIè siècle, en effet, il existait des sortes de coopératives de production (coopératives laitières par exemple). 
Mais c'est à partir de la seconde moitié du XIXè siècle que le concept a pris tout son essor et que le mouvement coopératif et mutualiste s'est développé avec la création de coopératives de production et l'apparition des premières sociétés de secours mutuel, en réponse aux effets humains néfastes du capitalisme naissant.
Le mouvement n'a fait que s'amplifier (malgré des périodes de recul) avec le mouvement associatif à partir de la loi de 1901, l'apparition du qualificatif "solidaire" dans l'activité économique (commerce équitable, finances solidaires...) à partir des années 70-80, avec l'établissement de la charte de l'économie sociale. (actualisée en 1995)....pour aboutir en 2012 à la création d'un ministère de l'économie sociale et solidaire relevant du ministère de l'économie.

Un secteur de l'économie fondé sur des principes de solidarité et d'utilité sociale
"Ce sont des entreprises, qui vivent dans l'économie de marché. Mais ce sont des entreprises différentes, car nées d'une volonté de solidarité au service de l'homme, elles privilégient le service rendu par rapport au profit dégagé et intègrent dans la vie économique la dimension sociale" (Définition donnée par la Charte de l'Economie sociale de 1981 revue en 1995)

Au service de l'Homme, ces entreprises :
  • sont présentes dans de très nombreux secteurs : action sociale, offre de soins, sports et loisirs, éducation et formation, banques et assurances, agriculture, industrie, construction, logement social, distribution, artisanat...
  • permettent d'acquérir des biens et des services au moindre coût et de la meilleure qualité possible (coopératives de consommation, d'habitation, etc...banques coopératives, assurances mutualistes, mutuelles de santé, associations d'usagers...)
  • permettent d'exercer son métier en conservant son autonomie, tout en bénéficiant des mêmes avantages que les grandes entreprises (coopératives d'agriculteurs, d'artisans, de pêcheurs, de transporteurs, de commerçants...)
  • permettent enfin de s'associer avec d'autres pour gérer démocratiquement son entreprise (la coopérative de travailleurs)
(charte de l'économie sociale)

...et sur un principe de fonctionnement démocratique
  • des entreprises de personnes qui adhèrent librement, et non des sociétés de capitaux.
  • une gouvernance démocratique (une personne, une voix), les administrateurs sont élus
  • une propriété collective non partageable
  • une absence de lucrativité (ou une lucrativité encadrée et réglementée pour les coopératives) : l'excédent réalisé est réinvesti dans le développement des projets de l'entreprise. Il ne rémunère pas le capital apporté.
  • une indépendance à l'égard des pouvoirs publics
Quelques chiffres
En 2010, le secteur de l'ESS représentait :
  • 10,3% de l'emploi en France
  • 13,9% de l'emploi privé
  • 2,34 millions de salariés
  • 222.900 établissements employeurs
  • 56,4 milliards d'euros de rémunérations brutes versées
  • 7 à 10% du PIB selon les sources
Pour en savoir plus :
http://www.economie.gouv.fr/cedef/economie-sociale-et-solidaire
et aussi, un excellent dossier sur la question, clair, qui aborde tous les aspects de l'ESS :
Panorama de l'ESS réalisé par le Conseil National des chambres régionales de l'économie sociale - édition 2012 

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