23 janvier 2013

Et si le bien-être passait par le bénévolat ?

C'est l'un des thèmes dégagé par le premier rapport sur la situation du volontariat dans le monde, publié par le Programme des Volontaires des Nations Unies (VNU), une agence de l'ONU administrée par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). Le programme VNU a pour objet de "promouvoir le volontariat afin de soutenir la paix et le développement dans le monde"...Son siège est à Bonn.

Le volontariat, l'un des piliers du développement ?
Le rapport publié à la fin de l'année 2011, passionnant, émaillé d'exemples concrets, souligne et célèbre l'impact positif du volontariat, sa dimension universelle, sa présence dans toutes les cultures, et insiste sur la nécessité et l'urgence de le mesurer "afin qu'il puisse être pris en compte comme l'une des plus importantes ressources des nations". Sans cette prise en compte, la mesure du développement est incomplète, les données purement économiques n'en donnant qu'une vue partielle.    
C'est une idée de plus en plus partagée et reprise par bon nombre d'instituts de recherche et d'économistes de renommée internationale (Commission Stiglitz notamment), qui se rattachent à l'idée que

"C'est en redonnant sens aux échanges non économiques et à « ce qui compte le plus » pour nous que nous serons en capacité de redéfinir la notion de richesse"......"que nous serons en mesure de redonner sa juste place - et non pas toute la place - à l'économie. » (Manifeste de FAIR - Forum pour d' Autres Indicateurs de Richesse, décembre 2008)

Le volontariat est l'un de ces "échanges non économiques", universel.Faire connaître le volontariat dans le monde, sa richesse, ses contributions, le mesurer et le promouvoir, dénoncer les idées fausses à son sujet, tels sont les objectifs du rapport.

Le volontariat, promoteur de bien-être
Le rapport passe en revue les importantes contributions du volontariat dans divers domaines tels que les moyens d’existence durables, l’intégration sociale, la cohésion sociale et la réduction des risques de catastrophes. Il y ajoute, celui du bien-être.
Le PIB néglige un grand nombre de facteurs qui contribuent au bien-être humain et au progrès social. Parmi ces facteurs figurent les valeurs de solidarité, de passion pour une cause et de désir de rendre quelque chose à la société

Le bien-être serait-il l'objectif ultime du développement ?

Il a été décrit comme le fait de se sentir bien, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique, "le sentiment d'avoir ce dont on a besoin pour vivre une bonne vie", mesurable ou tout du moins appréciable dans ses effets tant que des instruments de mesures n'auront pas été définis et acceptés par la communauté internationale.
D'autres définitions comprennent la notion de bonheur, plus subjective car "elle fait intervenir un élément d'évaluation de sa vie"

Une chose est sure : les relations humaines sont au coeur du bien-être, à deux points de vue.

Le volontariat, vecteur de bien-être personnel
L'impact du volontariat sur la santé a été souvent décrit dans des études consacrées au bien-être (nous en avons parlé dans un article de ce blog du 01/03/2012), en terme de ressenti : les bénévoles ont davantage tendance à se déclarer heureux et à décrire un sentiment de "chaud au coeur" associé au fait d'aider autrui et de contribuer au bien public. Une bonne santé mentale, une réduction du stress contribuent à cette sensation de "bien-être" et d'estime de soi.
Des études montrent aussi l'impact du volontariat sur une meilleure santé physique (notamment sur le plan cardio-vasculaire) et le maintien en forme.

Le volontariat , vecteur de bien-être communautaire
Grâce au volontariat, des liens sont tissés entre les individus, un sentiment de communauté émerge, qui pousse au volontariat, créant ainsi un cercle vertueux qui renforce les liens communautaires, et ainsi de suite...La notion de communauté déborde le cadre géographique en s'étendant  à celle de besoins, de ressources et d'intérêts communs, d'adhésion à des communautés "virtuelles" pouvant ainsi créer des sentiments d'appartenance et de bien-être. Le volontariat est un fort levier d'action contre l'exclusion.

On peut noter aussi une certaine résilience, l'aptitude à s'engager et à mobiliser des ressources communautaires pour faire face au changement, aux catastrophes, dans un cadre de confiance réciproque et d'appartenance. Il a été constaté que parmi les pays qui ont traversé une crise majeure (catastrophe naturelle, conflits), ceux qui ont une tradition de volontariat et d'entr'aide s'en sortent mieux. 

Le volontariat aiderait aussi à réduire la délinquance.

Bien être et politiques
Cette notion apparait petit à petit dans les politiques nationales, le Bouthan étant, sur ce point, emblématique !

On parle de "bonheur national brut", on s'interroge sur les indicateurs de développement pour mesurer le bonheur. Le Brésil et le Canada font figure de pionniers en menant des enquêtes et des recherches pour leur propre développement.

Plusieurs pays se sont concentrés sur le bien-être des jeunes, comme vecteur d'intégration dans la société. Parmi les indicateurs de bien-être, la participation civique traduite par le volontariat figure en bonne place (Egypte). Au Canada, l'indice du bien-être recense les facteurs qui ont un impact sur la qualité de vie, et parmi ceux-ci, la "vitalité communautaire" dont le volontariat est un paramètre de premier ordre.

Le rapport sur le développement humain 2010 comporte un indice du bien-être et du bonheur basé sur les données du sondage mondial Gallup, qui cite "la satisfaction vis à vis de la vie ainsi que les mesures de but, de respect et de soutien social "

Le bien-être est enfin un concept au centre du projet de mesures des progrès des société de l'OCDE. Les mesures de progrès comprennent la richesse des interactions des individus au sein de leurs communautés. Le volontariat est présent à travers les valeurs qu'il représente et le sentiment d'utilité et de but qu'il donne à la vie de chacun.

Et pour conclure
Le bien-être est ainsi de plus en plus considéré comme un concept utile et important pouvant guider et éclairer les politiques de développement.

"il s'agit désormais d'accorder une attention particulière à la contribution du volontariat à des "sociétés saines" dans lesquelles il fait bon vivre"...."une société saine est une société qui accorde de l'importance aux rapports formels et informels qui, en facilitant l'interaction et l'engagement, engendrent un sentiment d'appartenance"....et qui est "caractérisée par une participation générale de toutes les sections de la population", notamment par le volontariat

La réflexion sur ce sujet, menée un peu partout dans le monde, n'a pas fini d'aller de découvertes en découvertes surprenantes et d'échafauder de nouvelles théories du développement. Mais elle peut aussi alimenter des polémiques à propos du développement des pays pauvres pour lesquels l'urgence et la priorité ne sont peut-être pas toujours la quête du bien-être en tant que tel, tant que l'essentiel n'est pas assuré, malgré l'affirmation contenue  dans le rapport 2012 sur le développement humain : "il n'existe aucune corrélation cohérente entre performance économique nationale et résultats dans les domaines de la santé et de l'instruction" ...Est-ce à dire que ces deux besoins ,essentiels au bien-être, pourraient être pourvus en dehors de tout progrès économique ?
Le rapport tire la sonnette d'alarme. Le communiqué de presse indique clairement que "les autorités ne devraient pas considérer le volontariat comme moyen pour justifier des réductions de prestations de services publics" mais "comme un outil complémentaire pour les politiques sociales"

Pour l'anecdote, le rapport donne le chiffre de 140 millions de volontaires dans le monde...Exprimé en nation, cela le placerait le volontariat en 9è position après la Russie (143 millions) et avant le Nigéria (129 millions) !!
 
Le rapport du PVNU

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