43 % d'adultes pratiqueraient en France une activité bénévole, soit quasiment 22 millions de personnes de 18 ans et plus ! Cette estimation émane du Centre de recherche sur les associations, qui a réalisé une enquête en juin 2017 avec l'institut de sondage CSA auprès de 5039 majeurs. Très impressionnant, ce résultat ne tient pourtant compte que du seul bénévolat formel, c'est-à-dire celui qui est effectué dans le cadre d'une organisation (associative ou pas).
Donnant de leur temps à un ou plusieurs organismes – le tiers des répondants déclarent au moins 2 participations différentes –, les bénévoles s'investissent dans des domaines variés. Le taux de participation le plus élevé (13,2 %) est observé dans la défense de droits, de causes et d'intérêts, souligne l'économiste Lionel Prouteau, responsable de cette recherche. Suivent l'action sociale et caritative (11,5 %), les loisirs (10 %), le sport (9,8 %), la culture (6,8 %), puis l'éducation et la formation (3,4 %). En queue de peloton : la santé (2 %) et le développement économique et local (0,7 %).
Le bénévole sportif et la bénévole d'action sociale et caritative
Sous l'angle des champs dans lesquels ils s'engagent, il y a des différences nettes entre les bénévoles hommes et femmes. Tous domaines confondus, les hommes ont une propension à pratiquer le bénévolat supérieure à celle des femmes, explique Lionel Prouteau. "Mais, c'est avant tout le fruit de la forte participation masculine au bénévolat sportif", précise-t-il (14 % d'hommes et 6 % de femmes). Les hommes s'investissement également plus que les femmes sur le terrain des loisirs (11 % contre 9 %). C'est le contraire qui est observé dans le secteur de l'action sociale et caritative (13 % de femmes et 11 % d'hommes), ainsi que dans celui de l'éducation et de la formation (4 % de femmes, 2 % d'hommes). En revanche, il n'y a pas de différence notable entre les sexes pour ce qui est de l'investissement dans la défense de droits, causes et intérêts, dans la culture ou dans la santé.
S'agissant de la répartition des intéressés selon l'âge, ce sont les moins de 45 ans chez qui le taux de participation au bénévolat sportif est le plus élevé, alors que le bénévolat d'action sociale et caritative atteint son maximum chez les 55-75 ans. C'est aussi chez les seniors que la défense des droits, causes ou intérêts est la plus forte. "Dans les autres domaines, aucun effet d'âge n'est évident", souligne Lionel Prouteau.
Tous secteurs confondus, l'enquête met par ailleurs en lumière deux caractéristiques communes aux bénévoles : d'une part, une augmentation des taux de participation avec l'élévation du niveau de diplôme (sauf en ce qui concerne le bénévolat dans le domaine des loisirs) ; d'autre part, une plus forte pratique du bénévolat chez celles et ceux qui, lors de leur adolescence, avaient au moins un parent bénévole. Il y a parmi eux 59 % de bénévoles contre 37 % dans la population qui n'a pas eu cet exemple familial sous les yeux, ce qui "suggère nettement un phénomène de transmission intergénérationnelle des dispositions à s'engager", fait observer Lionel Prouteau.
Une minorité de gros contributeurs
Les bénévoles consacrent en moyenne 100 à 111 heures par an à leur activité volontaire non rémunérée, mais pour la moitié d'entre eux, la durée ne dépasse pas 45 à 50 heures. En fait, une grande majorité du volume global du bénévolat est assurée par une minorité de pratiquants. Le tiers des plus gros contributeurs – parmi lesquels plus d'hommes que de femmes – est à l'origine de plus de 80 % du volume du bénévolat, tandis que l'apport du tiers des plus modestes n'en représente qu'entre 2 et 3 %. Cela relativise nettement l'indicateur établi en termes de taux de participation ou de nombre de bénévoles, note le responsable de l'étude. En effet, si le taux de participation bénévole calculé sur la population de 18 ans et plus est de 43 %, c'est moins de 15 % de cet effectif de référence qui réalise 83 à 84 % de l'ensemble du travail bénévole.
Caroline Helfter
Voir Le bénévolat en France en 2017, état des lieux et tendances (octobre 2018), synthèse de l'exploitation de l'enquête Centre de recherche sur les associations-CSA (Synthèse-EnqueteCRA-CSA.pdf)