Recherches et Solidarités a publié il y a quelques mois son enquête sur le bénévolat 2016 à laquelle on peut se reporter. Les chiffres et statistiques sont extrêmement détaillés et les interventions d'experts intéressantes. On y trouvera toutes les informations relatives au bénévolat qu'il est donc inutile de reprendre ici.
Le constat
En effet, le bénévolat des seniors qui donnent du temps pour les autres en dehors du cadre familial est passé de 51% en 2010 à 49% en 2013 et 44% en 2016.
Dans les associations, la tendance est la même : 38% des français de plus de 65 ans étaient engagés dans une association en 2010, 37% en 2013 et 35% le sont en 2016.
Alors que les seniors vivent une seconde vie après la vie professionnelle et qu'ils ne demandent, pour la plupart, qu'à poursuivre une activité, pourquoi ce recul par rapport à l'engagement bénévole prometteur au début des années 2000 ? Les raisons semblent multiples et devraient interpeller les associations.
Une multiplicité de facteurs : les points particulièrement marquants
Les experts soulignent de fréquentes recompositions de vie, de nouveaux projets de vie (divorces, veuvages...), ce qui est propre à la génération actuelle des plus de 60 ans, sollicités par ailleurs, par un marché spécifique dont ils sont la cible (voyages, loisirs, universités inter-âges....)
Les baby-boomers sont davantage sollicités par leurs enfants pour pallier la pénurie des structures d'accueil des tout petits, mais également pour vivre pleinement le "statut" de grand-parent et le plaisir qui y est attaché.
En ce qui concerne les motivations, elles sont en retrait en 2016 par comparaison à 2010, par rapport aux autres catégories de bénévoles, notamment en ce qui concerne la défense d'une cause, l'épanouissement personnel, la reconnaissance de leur action ou le désir de changer un peu les choses. En revanche, le désir d'appartenir à une équipe est plus fort chez les seniors qui ressentent, par ailleurs, la perte du sentiment d'utilité sociale et du sens de leur action. Sorte de lassitude ? On note aussi un peu moins de régularité dans l'engagement, une sorte de retrait par rapport à l'engagement citoyen. Les seniors ne sont que 50% à estimer qu'ils sont bien dans leur association (contre 68% pour les autres), ce que l'on peut déduire de leur abstention relativement importante à répondre à cette question,
En ce qui concerne les motivations, elles sont en retrait en 2016 par comparaison à 2010, par rapport aux autres catégories de bénévoles, notamment en ce qui concerne la défense d'une cause, l'épanouissement personnel, la reconnaissance de leur action ou le désir de changer un peu les choses. En revanche, le désir d'appartenir à une équipe est plus fort chez les seniors qui ressentent, par ailleurs, la perte du sentiment d'utilité sociale et du sens de leur action. Sorte de lassitude ? On note aussi un peu moins de régularité dans l'engagement, une sorte de retrait par rapport à l'engagement citoyen. Les seniors ne sont que 50% à estimer qu'ils sont bien dans leur association (contre 68% pour les autres), ce que l'on peut déduire de leur abstention relativement importante à répondre à cette question,
Ils déclarent donner moins de temps à leur association, avoir moins de responsabilités et de missions intéressantes, se sentir moins motivés pour agir dans le contexte de crise (découragement ?)
"Ballotés" entre une présence près de leurs proches, des loisirs et des voyages et un engagement bénévole, le rapport de Recherches et Solidarités pointe de possibles "tensions entre le pôle des valeurs altruistes et le pôle des valeurs individualistes"...et donc un peu moins de bien-être au sein des associations.
Des points de satisfaction qui évoluent
"Ballotés" entre une présence près de leurs proches, des loisirs et des voyages et un engagement bénévole, le rapport de Recherches et Solidarités pointe de possibles "tensions entre le pôle des valeurs altruistes et le pôle des valeurs individualistes"...et donc un peu moins de bien-être au sein des associations.
Des points de satisfaction qui évoluent
Les seniors interrogés ne remettent pas en cause leur engagement, mais ils préfèrent plus que jamais vivre au présent et recherchent davantage le plaisir dans l'action (plaisir d'être efficace et utile, plaisir accru de la convivialité et des échanges avec les autres....) et affirment plus volontiers aujourd'hui un engagement "pour se faire plaisir", à part égale avec un engagement exclusivement altruiste.
Alors que les seniors bénévoles étaient recherchés pour leur engagement sur le long terme, ils changent aujourd'hui plus souvent d'associations pour "découvrir" d'autres univers.
Ils sont globalement plus attentifs à la gestion de leur temps et soucieux de trouver un équilibre entre leurs activités dans une association, leurs activités envers leurs proches et leurs activités personnelles.
Des attentes liées au plaisir dans l'action et à une gestion du temps équilibrée :
Des actions bénévoles plus ponctuelles ou modulables en terme d'emploi du temps (travailler "en temps non contraint", à distance (e-bénévolat)), plaisir de transmettre un savoir faire à un nouveau bénévole ou à un jeune en service civique, plaisir de partager des moments de convivialité au sein d'une équipe, etc...
Du côté des associations
On sait l'importance donnée par les associations au bénévolat des seniors : des niveaux de formation généralement élevés, des jeunes retraités fraichement sortis du monde du travail et encore empreints d'énergie et de dynamisme, des compétences au service des associations, acquises tout au long d'une vie professionnelle, des expériences professionnelles, mais aussi des expériences de vie, une disponibilité et un engagement sur du moyen et long terme, des occasions de favoriser un lien et une transmission intergénérationnels, etc..., autant d'avantages soulignés et mis en exergue à l'occasion de l'année européenne du vieillissement actif en 2012.
- valoriser les notions de savoir-faire, d'équipe et de convivialité
- adapter les plannings de travail chaque fois que possible
- développer le bénévolat "à distance" (e-bénévolat) grâce aux outils numériques que les seniors maîtrisent aussi bien que les plus jeunes
- développer le tutorat de jeunes bénévoles
- développer des activités bénévoles en binôme pour faciliter l'engagement des seniors en leur permettant une gestion optimale de leur emploi du temps
- intervenir auprès de consultants spécialisés (c'est déjà souvent le cas) à l'occasion des stages de préparation à la retraite programmés par les entreprises
Mais ne convient-il pas également que les associations s'interrogent sur leurs pratiques managériales ? Aucune question en ce sens ne semble avoir été posée à l'occasion de cette enquête..
Et enfin, deux points de vue sur la baisse de motivation des seniors
"Les personnes de plus de 65 ans sont nettement moins nombreuses que celles de moins de 35 ans, à se dire satisfaites pour la reconnaissance de leur action ou l’épanouissement personnel que leur procure le bénévolat. Elles peuvent effet parfois se trouver « en décalage » par rapport aux générations plus jeunes qui ont davantage besoin d’avoir un objectif et un résultat au bout de leur action, quitte à sacrifier des moments de reconnaissance et de convivialité. Les associations, dans lesquelles le temps est souvent compté au profit de l’action, devraient entendre cette frustration pour entretenir la motivation des bénévoles de plus de 65 ans".
Isabelle Persoz, vice-présidente du réseau Tous bénévoles
"Il semble que c'est là le reflet de la place accordée aux personnes vieillissantes et âgées ordinaires dans notre société. Dès qu'elles ne font plus jeunes, elles ne peuvent que souffrir du manque de considération accordée à la vieillesse, puisque notre angoisse collective est celle du vieillissement"
Pascal Dreyer, auteur de l’ouvrage « Etre bénévole aujourd’hui »
Louise Forestier
Louise Forestier
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