12 décembre 2017

Se faire du bien en le donnant


Les "Paradise Papers" l'ont une fois de plus rappelé,  s'il en était besoin : les grandes fortunes sont diablement intéressées par la thésaurisation, sans doute nettement moins par le don. Mais, peut-être les personnes concernées ne connaissent-elles pas les travaux d'Elizabeth Dunn, de l'université de Colombie Britannique. Docteure en psychologie sociale, cette "chercheure sur le bonheur" (Happiness Resarcher) comme elle se présente sur Twitter, s'est employée à démontrer que dépenser son argent rend plus heureux quand on le débourse pour les autres que pour soi-même. Elle fonde cette assertion sur les nombreuses recherches scientifiques qu'elle a analysées avec son confrère Michael Norton, professeur de marketing à la Harvard Business School. Les deux spécialistes des sciences du comportement rendent compte de leurs observations dans Happy Money. The Science of Smarter Spending (Simon & Schuster 2013, non traduit).

Sylvie Chokron, directrice de recherches au CNRS et neuropsychologue, reprend les principaux enseignements de cet ouvrage dans une contribution au Monde du 15 novembre (supplément "Science et médecine"), judicieusement intitulée : "L'argent fait le bonheur... quand on le partage"  :

De fait, les études montrent que surcroît de richesse ne signifie pas nécessairement surcroît de bonheur. Pour augmenter son bien-être, rien n'est plus rentable que d'investir son argent dans les autres. Ainsi, une prime de 5000 dollars (4300 euros) rend des employés d'autant plus heureux qu'ils la consacrent à des activités à caractère social plutôt qu'à eux-mêmes. De la même manière, une étude menée sur plus de 600 foyers américains révèle que ceux qui dépensent le plus d'argent pour des causes à vocation sociale sont ceux qui éprouvent le sentiment de satisfaction quotidienne le plus intense, renchérit Thibaud Eigle, fondateur de l'Ecole des finances personnelles, qui s'est lui aussi passionné pour le travail de Dunn et Norton.

Ces constats ne sont pas propres aux seuls Etats-Unis. Une étude Gallup menée entre 2006 et 2008 dans 136 pays plus ou moins riches, en milieu rural ou urbain, est parvenue aux mêmes résultats. Dans 120 pays sur 136, les gens qui se montraient les plus généreux en matière de dons étaient aussi ceux qui se déclaraient le plus heureux - le plaisir suscité par le don s'avérant indépendant de la culture ou du niveau de ressources des donateurs . Et le sentiment de bonheur est d'autant plus fort que le sujet destine son don à une action à laquelle il croit. Autant d'informations à avoir en mémoire à l'heure où le baromètre de la générosité, publié le 4 décembre par l'association Recherches § Solidarités, établit qu'en France, le nombre de personnes ayant déclaré un don sur leur impôt sur le revenu en 2016 a reculé de 4,2% par rapport à l'année précédente : 5,28 millions de foyers fiscaux ont déclaré au moins un don aux associations contre 5,51 millions en 2015.

Pour en savoir plus
                                                                           Caroline  Helfter

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