L' e-bénévolat, ou bénévolat à distance, ou web-bénévolat, est un type de bénévolat en pleine expansion grâce à la généralisation de l'utilisation des moyens informatiques et de l'internet, accessibles chaque jour à un plus grand nombre.
L'e-bénévolat permet à des personnes ayant peu de temps disponible, handicapées ou ne pouvant se déplacer, à donner de leur temps en gérant elles-mêmes leur disponibilité, en s'organisant comme bon leur semble en restant chez elles, en intervenant "à distance".
Il est né aux Etats-Unis dans les années 70. Le "Virtual Volunteering Project" avait pour objectif de promouvoir ce type de volontariat à distance grâce à l'informatique, auprès des associations américaines.
La révolution
internet a réellement permis son développement à partir de 1995. La pratique s’est élargie
au Canada, puis dans certains pays européens et surtout auprès de l’agence
Volontaires des Nations-Unies.
e-bénévolat, un bénévolat sans frontière
En effet, en 2000, les Nations-Unies lancent leur plateforme de bénévolat en ligne sur laquelle il est possible de s'inscrire et de proposer ses compétences en choisissant un type de tâche (rédaction, traduction, design, conseil, développement informatique....) un thème (éducation, jeunesse, environnement, santé, culture, etc...), une région (Amérique latine, Asie du sud-est, Afrique, etc...)
Plus près de nous, la plateforme "betobe" permet de mettre en relation des bénévoles intéressés par ce type de bénévolat, avec des associations qui ont déposé une ou plusieurs offres de missions, à l'étranger ou en France. L'utilisation du site est extrêmement simple. Il suffit de remplir un formulaire (identité, domaine d'expertise, type d'emploi....) et de consulter les offres de mission proposées en ligne.
Une véritable coopération nationale et internationale permet de se développer grâce à un réseau d'associations et de bénévoles qui peuvent ainsi apporter une collaboration à distance, et mettre en relation, sans déplacement, des personnes impliquées dans l'action humanitaire.
Mais si ces plateformes interviennent essentiellement pour rapprocher des compétences à travers le monde, il n'est pas besoin d'aller si loin pour exercer ce type de bénévolat pour lequel il suffit d'avoir un ordinateur, une connexion internet et des compétences à offrir.
e-bénévolat, un bénévolat à portée de tous
Les associations recherchent toutes les bonnes volontés.
Manque de temps ? handicap ? personnes âgées ? étudiants occupés par leurs études ? actifs ? retraités géographiquement loin d'associations ? L'e-bénévolat permet de tenir compte des contraintes de chacun.
De nombreuses associations font appel à des "e-bénévoles", et parmi elles, l'UNICEF France qui a développé ce type d'action pour des missions ponctuelles ou tout au long de l'année (traitement de texte, graphisme, collecte de fonds, relais d'information, etc...) "Spécialiste, technicien ou novice sur la toile, chacun peut contribuer à faire avancer la cause des enfants ! " , peut-on lire sur la page d'accueil du site.
L'e-bénévolat permet, en effet, d'offrir ses compétences dans des domaines multiples et variés : recherche de documentation, traitement de texte, rédaction d'articles, constitution de banques de données, conception graphique, réalisation de supports de communication visuelle, défense et diffusion d'une cause humanitaire, recherche de fonds, de signatures, écoute de personnes en détresse, etc...autant d'actions qui peuvent se révéler d'une grande efficacité en évitant les déplacements inutiles, en permettant à des personnes handicapées, âgées ou disposant de peu de temps, de participer à une œuvre d'intérêt général et de se sentir utiles.
Regards ailleurs
L'e-bénévolat, du fait de ses premiers pas aux Etats-Unis, y est largement pratiqué, notamment dans les programmes d'aide aux pays en voie de développement.
En Espagne, les "cyber-voluntarios" se sont largement développés, l'Espagne occupant une place privilégiée dans ce domaine en Europe, à tel point qu'on distingue officiellement le "voluntario presencial" (le bénévole présent physiquement sur le terrain) et le "voluntario virtual"(e-bénévole)
Le bénévolat traditionnel reste encore majoritaire, bien entendu, mais devant l'efficacité largement prouvée du "cyber-volontariat", le gouvernement espagnol, dans le document "stratégie gouvernementale du bénévolat 2010-2014", approuvé en conseil des ministres le 23 décembre 2010, prenait en compte cette évolution et conseillait explicitement aux organisations et associations à but non lucratif d'utiliser les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) afin d'être plus efficaces.
Au Québec, il existe un projet qui a particulièrement retenu mon attention car il ne s'adresse pas à des bénéficiaires lointains et se présente comme une initiative originale. Il mérite qu'on s'y arrête. Il s'agit du projet "Academos-Cybermentorat". C'est une plateforme web accessible à des jeunes de 14 à 20 ans, scolarisés (plus de 46.500 jeunes chaque année), qui s'interrogent sur leur avenir et leur choix professionnel. Des bénévoles entrés dans la vie professionnelle, les "cybermentors" (il étaient 2700 en 2012, issus de toutes les professions, allant du plombier au chercheur en optique-photonique) sont à leur disposition pour les écouter, les aider à se fixer des buts et à poursuivre leurs rêves.
248 écoles et 10 "cégeps" (collèges d'enseignement général et professionnel qui se rapprochent de nos lycées) ont utilisé ce service au cours de la dernière année scolaire.
Par des suivis personnalisés (13.000 jumelages estimés pour la fin de l'année), les "mentors" bénévoles , à travers leur expérience et la passion de leur métier, aident les jeunes en témoignant de leur vécu professionnel, en répondant à leur questionnement, en les guidant, en les conseillant afin qu'ils puissent préparer leur avenir professionnel, trouver leur voie et faire en sorte qu'ils se sentent bien dans leur métier plus tard.
En développant une relation personnalisée avec les jeunes, les mentors :
- démystifient le monde du travail,
- confirment aux jeunes que leurs aspirations sont réalisables,
- renforcent la motivation scolaire et la poursuite des études,
- participent au transfert des savoirs d‘une génération à l’autre.
Outre les suivis personnalisés, les jeunes ont à leur disposition :
-
des portraits écrits et des videos de mentors décrivant leur métier, leur cheminement, des anecdotes,
- une application permettant aux jeunes d'inscrire le métier de leur rêve et de partager ce qui les motive,
- des informations démystifiant certains secteurs d'activités ou faisant la promotion de professions mal connues.
Dans une enquête effectuée en 2012,
- 80% des jeunes affirmaient que les "cybermentors" avaient eu une influence sur leur choix de carrière et de leur formation postsecondaire,
- 80% des enseignants étaient satisfaits de la prestation des cybermentors,
- 93% des cybermentors avaient le sentiment d'être utiles (" le meilleur moyen d'offrir à tous (étudiants et nous les adultes) un avenir meilleur et ainsi assurer la cohésion entre les générations" )
Enfin, une équipe de chercheurs de l'Université du Québec, en 2006, avait mesuré les effets de ce service et tiré les conclusions suivantes : une motivation scolaire accrue, une plus grande réussite des jeunes en difficultés, un choix de carrière mieux défini.
(Ces informations nous ont été communiquées par la présidente fondatrice de l'association)
Pour en savoir plus sur les "cybermentors" québécois, un bel exemple de bénévolat qui ne nécessite pas de présence physique "sur le terrain" !
Alors, pour tous ceux qui n'ont pas le temps ou qui ne peuvent se déplacer, pensez-y ! il y a de la place pour tout le monde dans les associations...même si vous vivez sur une île déserte (mais reliée à internet !) ou si vous faites le tour du monde en bateau...!